Les conclusions de la commission d'enquête américaine et le mea-culpa de Newsweek n'ont pas convaincu beaucoup de monde après les nouveaux témoignages de prisonniers confirmant la profanation du Coran. Nombreux étaient les témoignages d'anciens détenus dans les prisons militaires américaines, notamment Guantanamo et Bagram, qui viennent donner du crédit à l'information rapportée par l'hebdomadaire Newsweek au sujet d'actes de profanation du Coran, alors que la revue elle-même se désavoue. En effet, l'hebdomadaire américain Newsweek s'est partiellement excusé, dimanche, pour la publication d'un article, le 2 mai dernier, affirmant qu'un Coran avait été jeté dans les toilettes par des soldats américains, à Guantanamo. Le rédacteur en chef du magazine, Mark Whitaker, a regretté des erreurs dans certaines parties de l'article. Par contre, si la majeure partie des ex-prisonniers affirment n'avoir pas assisté personnellement à la profanation du Coran, d'autres affirment avoir vu des soldats US faire de tels actes, à l'instar de Jamal Al-Harith. Ce dernier, libéré de la base américaine à Cuba, en mars 2004, déclare : “Quand ils fouillaient les cages, les gardes jetaient parfois le Coran au sol. Durant un interrogatoire un gardien a piétiné le Coran et a provoqué les détenus.” Dans un communiqué, un autre ancien détenu britannique de Guantanamo, Feroz Abbasi, a également raconté, lundi, comment des détenus s'étaient fait arracher le Coran des mains par des gardiens, les insultant et leur demandant “pourquoi ils se refilaient cette m...”. Ce genre de faits est confirmé par Moazzam Begg, à l'agence de presse britannique Press Association. “Si Newsweek se rétracte, c'est vraiment stupide, tant de personnes disent la même chose. Ce qui est étrange, c'est que cette histoire ne sorte que maintenant, alors qu'elle a pourtant été rapportée dans le détail, il y a longtemps”, soutient-il, avant d'ajouter : “Pendant les fouilles des cellules, j'ai vu, à une occasion, un Coran arraché des mains d'un détenu et jeté par terre et je me rappelle, également, très bien, un gardien lançant des Corans aux détenus à travers les barreaux en criant : extra, extra, prenez votre Coran, votre livre saint des saints, et apprenez comment tuer les Américains.” Il rappellera également avoir vu, lorsqu'il était détenu à Bagram, “plusieurs incidents qui ont provoqué la colère des détenus, dont le placement d'un Coran dans un endroit utilisé comme latrine”. Ceci étant, le désaveu de Newsweek ne met pas fin à la colère, à voir la réaction d'un haut responsable de la coalition islamiste pakistanaise, Muttahida Majlis-e-Amal, (MMA) Liaqat Baloch. “Cette affaire a, non seulement mis à mal la prétendue crédibilité du magazine américain, mais cet article extrêmement humiliant met également au jour les sentiments intimes des responsables politiques américains envers l'islam et la communauté musulmane”, a-t-il déclaré. Même la Maison-Blanche a jugé les excuses de Newsweek insuffisantes. Lundi, le porte-parole de l'administration de George W. Bush, Scott McClellan, s'est ainsi déclaré “déconcerté” par l'attitude du magazine, en jugeant que “certaines règles du journalisme” n'avaient pas été “respectées”. K. ABDELKAMEL