Tous les efforts fournis depuis quelques mois par les Etats-Unis pour améliorer leur image de marque dans le monde arabo-musulman ont été réduits à néant par l'affaire de profanation du livre saint du Coran par des militaires américains dans la base de Guantanamo. Embarrassée par l'ampleur des réactions dans de nombreux pays musulmans, notamment en Afghanistan, l'Administration Bush a multiplié propos apaisants et promesses de faire toute la lumière sur les faits. Les forces de sécurité afghanes et étrangères ont annoncé qu'elles étaient en état d'alerte, samedi, dans l'attente de nouvelles manifestations contre des profanations présumées du Coran par des soldats américains, après quatre jours de mobilisation et au moins quatorze morts en Afghanistan. Washington a lancé, il y a trois ans, une vaste campagne de spots télévisés sans grand effet. Une station de radio — radio Sawa — et de télévision — Al-Hurra — en langue arabe a également été lancée sur des fonds publics américains. L'affaire du Coran profané montre toutefois que le fossé reste encore large entre les Etats-Unis et le monde musulman. La Maison-Blanche, qui a assuré prendre les choses “très au sérieux”, a promis qu'une enquête serait menée et déploré les morts et les centaines de blessés en Afghanistan lors de manifestations ayant suivi l'annonce de l'information relative à la profanation du Coran par des soldats US. Condoleezza Rice, la secrétaire d'Etat américaine aux Affaires étrangères, est intervenue en personne dans l'espoir d'apaiser les esprits. Dans une déclaration officielle, vendredi, elle a assuré : “Un manque de respect pour le Coran est pour nous tous quelque chose d'odieux. La liberté de religion pour tous est un des principes fondateurs des Etats-Unis.” Le département d'Etat a indiqué travailler dur pour que cette déclaration apaisante soit diffusée le plus largement possible dans le monde arabe et musulman. Pour rappel, l'affaire a été divulguée par l'hebdomadaire américain Newsweek, lequel, s'appuyant sur des sources non identifiées, affirme que des interrogateurs de Guantanamo, “pour chercher à faire craquer des suspects, ont jeté un Coran dans les toilettes et promené en laisse un détenu avec un collier de chien”. “Que les allégations soient fausses ou que, par malheur, elles soient vraies, cette affaire fait déjà l'effet d'un coup porté en plein visage pour les efforts de relations publiques américains”, estime Steven Cook, du Council for Foreign Relations, un centre d'études new-yorkais. K. A.