Résumé de la 2e partie Un soir, en rentrant de son travail, Sylvana découvre que son mari a disparu. Elle alerte les services de police, les hôpitaux. En vain. Cette trahison lui cause un choc terrible, mais elle doit bien l'admettre. Elle renonce à rentrer au Portugal. Elle n'accepte pourtant pas, comme celui-ci ne cesse de le lui demander avec empressement, de se mettre en ménage avec François. Elle se montre même si ferme dans son refus qu'il se résout à accepter une proposition d'emploi dans le sud de la France... Le voici dans un pavillon de la banlieue de N., séparé de la belle Portugaise par près de mille kilomètres. Ce qui ne l'empêche pas de lui écrire presque quotidiennement pour la supplier de venir le rejoindre. Et, début 1987, le miracle a lieu. Ce que François a tant souhaité, au point de devenir meurtrier, arrive enfin : Sylvana cède, elle accepte de s'installer avec lui pour vivre une vie conjugale ! Pour lui, ce sont des moments de bonheur intense concrétisés par la naissance d'un petit garçon, en 1988. Pourtant, tout cela n'a qu'un temps. Car rien n'est terminé, bien au contraire. Sylvana n'a pas oublié Joachim. Elle en parle souvent à François qui, à la fin, n'y tient plus : encore une fois, face à la fidélité inébranlable de Sylvana à la mémoire de son mari, il agit. Imitant de nouveau l'écriture de son rival, il recommence à envoyer des lettres signées Joachim, disant qu'il est heureux, qu'il va bien et qu'il veut qu'on le laisse tranquille. Pour que Sylvana comprenne bien, il n'hésite pas à forcer la dose : ce sont des dizaines de lettres qu'elle reçoit et même des télégrammes. Et, encore une fois, coup de théâtre : le résultat est l'inverse de celui qu'attendait François. Un jour de début 1992, après avoir lu et contemplé longuement la dernière lettre de «Joachim», elle déclare brusquement : «J'ai envie de le revoir !» François tombe, une nouvelle fois, de haut. «Mais pourquoi ? ? S'il m'écrit tant de lettres, c'est qu'il continue à penser à moi, c'est que je compte toujours pour lui. Je veux que nous ayons une explication, qu'il me dise pourquoi il est parti.» François essaie d'argumenter, rien n'y fait. Au contraire, Sylvana se renforce elle-même dans sa conviction, et une idée lui vient brusquement : «Je vais engager un détective pour le retrouver...» Pour François, le cauchemar recommence, encore et encore ! Rien n'a changé, rien n'y a fait : ni leur enfant ni leurs sept ans de vie commune. Il n'y a que Joachim qui compte pour Sylvana, lui n'est rien, rien du tout ! Mais maintenant, en plus, François se rend compte qu'il court un risque terrible. Un détective privé, c'est presque déjà la police. Il faut tout faire pour empêcher qu'il intervienne. Alors, devant le danger, François va prendre tous les risques. Il téléphone au détective en contrefaisant sa voix : «Je suis Joachim E. Je suis très heureux où je me trouve et je ne veux pas que ma femme me recherche.» C'était une erreur. La conversation a été enregistrée par le détective et celui-ci porte la bande à la PJ. Le juge d'instruction reprend donc cette affaire qui avait paru bien étrange dès le début. C'est qu'il n'y avait, alors, pas la moindre preuve. Or, on en tient peut-être une. Pour cela, on va faire appel à toutes les ressources de la technique. L'enregistrement est envoyé à un laboratoire de police scientifique, spécialisé dans les fréquences vocales. Chaque être humain a une façon qui lui est propre de lier les syllabes et de moduler les graves et les aigus. Une analyse est tentée pour reconnaître la voix déguisée. C'est la première fois qu?on se livre à un pareil examen et il est concluant : c'est bien François qui parle. Mais ce n'est pas tout. La police s'empare des lettres signées Joachim. François a commis l'imprudence de coller les enveloppes en les humectant avec la langue. Il ignorait que la salive permet d'identifier un individu tout aussi sûrement que les empreintes digitales. Elle livre la formule de l'ADN de son auteur, son code génétique, qui n'est celui de personne d'autre. L'examen scientifique est sans appel : c'est lui qui a écrit les lettres, ou qui, du moins, les a cachetées. Le 23 juin 1992, les policiers se rendent dans la banlieue de N. et, confondu par ces preuves irréfutables, François n'a plus qu'à avouer : «C?est bien moi qui ai tué Joachim. J?ai caché son corps.» Il nie pourtant la préméditation : «On s?est disputés, et j?ai pris le dessus. Il est mort pendant la bagarre.» La réaction d?horreur de Sylvana est indescriptible. Pas un instant elle n?avait imaginé que l?homme auprès duquel elle vivait depuis sept ans était un meurtrier. Deux jours plus tard, dans une décharge à ordures, François désigne aux enquêteurs un endroit de terre meuble. Il n?y a pas à creuser longtemps pour exhumer le squelette du malheureux Joachim, dont l?inébranlable amour de sa femme a fini par perdre le meurtrier.