Occultisme Les praticiens de la magie et de la divination étaient les kahin qui, comme nous l?avons vu, étaient, chez les Sémites, à la fois prêtres, magiciens et chefs de guerre. Si beaucoup de kahins n?avaient pas de charges sacerdotales, d?autres résidaient dans les sanctuaires et parlaient au nom du dieu. Le kahin est le seul détenteur de l?oracle, réponse de la divinité aux questions qu?on lui pose. Des signes extérieurs, comme l?entrée en transes, l?annoncent. Son langage est énigmatique, le kahin procédant par symboles et allégories. Mais le devin peut aussi parler clairement. On cite, à ce propos, l?oracle du kahin des Banû Asad qui a prédit la mort de H?udjr, père du grand poète Imru? al-Qays et roi de Kinda. Il s?est exclamé : «Qui est le roi puissant dont les chameaux sont pareils à un troupeau de b?ufs ? Son sang sera répandu demain !» On lui a alors demandé : «De qui s?agit-il ?» Il a répondu : «Si mon âme n?était saisie de crainte, je vous aurais répondu qu?il s?agit de H?udjr.» Les hommes n?étaient pas les seuls à exercer la divination : il y avait aussi des femmes et la tradition a gardé le nom de certaines d?entre elles. Certaines kahinat étaient, sans doute, rattachées au sanctuaire de la déesse Lât, c?est peut-être elles qu?on désignait sous le nom de banât t?arîq ou «filles de l?étoile du matin». Les femmes suivaient aussi les hommes sur les champs de bataille, faisant des pronostics sur les chances de succès de l?armée. On attribuait à ces devineresses le pouvoir de manier avec dextérité le sadj? ou oracle formulé en courtes phrases rimées. On cite le cas de la kahina des Lyâd qui a annoncé à sa tribu sa victoire sur les Persans : elle a dit que le signe de cette victoire serait que l?ennemi capturera un jeune garçon ou alors un vieillard des Lyâd. La source, qui rapporte ce fait, ajoute que, le jour de la bataille, il y a eu tellement de Persans tués que leurs cadavres entassés formaient comme une montagne.