Si le mot avion est aujourd?hui bien entré dans les langues algériennes, sous la forme lavyu, lavyun, longtemps, elles ont utilisé un autre terme, roplan, également emprunté au français «aéroplane». Ces mots semblent avoir suivi des itinéraires différents en France ? d?où ils sont issus ? et en Algérie : alors que dans le premier pays, «avion» a d?abord désigné l?appareil militaire et «aéroplane» l?appareil civil, en Algérie, c?est l?inverse : lavyu a désigné le civil et roplan le militaire. Aujourd?hui, aéroplane est tombé en désuétude en français, où on emploie «avion» pour les deux types d?appareil ; en arabe et en berbère, beaucoup de gens continuent à employer le mot roplan pour l?avion militaire. Un autre terme de l?aviation est entré dans les langues algériennes : koptir ou lilikoptir, de hélicoptère. La Guerre de Libération a introduit un autre terme, muchara, et en kabyle tamuchart, par référence aux avions mouchards, mais ce mot n?est plus guère connu que des personnes âgées. Pour désigner l?avion, l?arabe moderne dispose d?un terme propre, t?a?ira, du verbe t?ara (s?envoler) d?où est également tiré le nom de l?aéroport, mat?ar. Il faut indiquer cependant que le mot mat?ar est attesté en arabe classique, dans le sens de lieu où on faisait voler les oiseaux. Le kabyle emploie aussi, à côté de avyu, un terme propre, timesrifegt, du verbe afeg (s?envoler), l?aéroport est ici dénommé anafag (littéralement «lieu d?où on s?envole»). Comme le bateau, l?avion figure dans la poésie et la chanson : il symbolise le départ, l?exil, la séparation avec les êtres chers.