Ancestral C?est une danse rituelle dans les Aurès. El-bendou, une danse typique des Aurès, ressemble, par de nombreux points, à la danse ahidouss des habitants des régions de Saïda et de Naâma et que dansent aussi les populations berbères du Haut-Atlas marocain. Cependant, el-bendou perd de sa vitalité et semble gagné de plus en plus par l?oubli, au même titre que la plupart des éléments de la culture traditionnelle. Dans les Aurès, el-bendou se présente comme une danse mixte, typique de la vallée de Oued Labiod, pratiquée par les groupes folkloriques ayant comme instruments à vent la gasba et la zorna et comme percussions le bendir. La légende et la tradition orale font état d?un ancêtre qui possédait un figuier dont les fruits, à chaque saison, étaient invariablement distribués, gracieusement, aux passants, aux enfants, aux malades et aux pauvres. Il s?agit, de toute évidence, d?un culte ancien de la fertilité, puisque la «descendance» qui se reconnaît de cet ancêtre légendaire lui rend grâce, dans une procession autour du «bendou» porté par une cohorte de danseurs et de danseuses, offrant les fruits de saison sur une place centrale autour de laquelle on répand du sel pour «chasser les mauvais esprits». Le rituel de la danse d?el-bendou se poursuit, lorsque le «maître de cérémonie» impose le silence, avant d?appeler, l?une après l?autre, les filles en âge de se marier. Il met ensuite dans la bouche de chacune d?elles un fruit, augurant d?une heureuse et fertile alliance. Les danseuses se relèvent ensuite pour exécuter la danse abdaouie, du nom de la vallée de Oued Abdi, avec des pas légers et gracieux qui évoquent la parade des tourtereaux. Les danseuses sont toutes habillées de malhfa, robe traditionnelle des Auressiennes, composée d?un double bustier qui souligne parfaitement la féminité naturelle des artistes. La chorégraphie d?el-bendou donne à voir des figures qui mettent les danseuses en osmose parfaite avec les éléments et les cycles de la vie. Le spectacle devient entraînant lorsque les chanteurs, hommes ou femmes, accompagnés des gasbas et des bendirs, soulèvent les youyous de l?assemblée des femmes. Il existait une troupe bendou à Arris, mais elle a dû cesser toute activité au début des années 1980, selon toute vraisemblance pour des raisons matérielles. Cette troupe s?est distinguée notamment au Festival de Timgad et sa notoriété avait dépassé les frontières nationales. El-bendou ne survit plus que dans la mémoire des plus âgés et grâce à la nostalgie des amoureux du terroir auressien. Il semble que si le mouvement associatif ne cherche pas à régénérer ce patrimoine, bientôt, c?est le mot bendou lui-même qui sera menacé d?oubli et de disparition.