«L'Union européenne va continuer à fonctionner sur les bases des traités actuels», a déclaré le président français, Jacques Chirac, dans la foulée des résultats du référendum du 29 mai dernier. Autrement dit, le traité de Nice reste en vigueur. Toutefois, avec l'élargissement à 25 Etats, l'architecture actuelle de l'Europe est bancale. La Commission européenne connaît une crise de légitimité profonde. Son inertie est le reflet des crises politiques passées et de l'attentisme actuel de son président. Le Parlement européen, faute de pouvoirs accrus, peine à représenter véritablement un peuple uni derrière des symboles forts. En outre, le Conseil européen se réunira à Bruxelles les 16 et 17 juin prochains pour arrêter, en principe, le budget de l'Union pour la période 2006-2013. D'une part, les négociations sont désormais difficiles : à 25, les chefs d'Etat divergent sur des politiques et des valeurs différentes. C'est ainsi que la France a compris, douloureusement, lorsqu'elle s'est opposée à la guerre en Irak, qu'elle pouvait représenter la minorité dans une Europe divisée sur les relations à entretenir avec les Etats-Unis. D'autre part, les trois grands moteurs de l'Europe sont en panne de légitimité : la France est fragilisée et Jacques Chirac se repliera sans doute sur la défense de la politique agricole commune ; l'Allemagne vit dans l'attente des élections anticipées de septembre et Schröder, en difficulté dans les sondages, n'est pas prêt à prendre des risques ; la Grande-Bretagne, qui sera, dès le 1er juillet, à la présidence de l'Union, a tout intérêt à maintenir le statu quo autour d'un arrangement financier qui lui est favorable depuis le milieu des années 1980. Les chances de parvenir cette année à un accord sur le financement de l'Union, pourtant crucial, paraissent donc minces.