Alternative La rareté de l?eau et la sécheresse endémique obligent l?Algérie à rechercher d?autres moyens, notamment pour l?agriculture. Huit cent millions de m3 d?eaux uséepar an sont déversés dans la nature. 20% seulement de cette quantité, l?équivalent de 200 millions de m3, font l?objet, actuellement, d?un traitement d?épuration pour être réutilisés. Le recours à ce type de source, c?est-à-dire la production d?eaux non conventionnelles, est dicté par le fait que l?Algérie fait partie des pays arides où l?eau est rarement disponible, particulièrement pour l?irrigation des terres agricoles qui souffrent de sécheresse endémique ces 25 dernières années. Telle a été la préoccupation majeure des intervenants lors d?un atelier organisé par l?Institut national des sols (Insid) et le Centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes (Ciheam) sur «l?utilisation des eaux non conventionnelles». A cet égard, le représentant du ministère de l?Agriculture, Ramdane Lahouati, directeur du développement agricole dans les zones arides et semi-arides, a estimé, lors de son intervention inaugurale, que la réutilisation des eaux usées constitue un apport supplémentaire «d?appoint» qui est très utile de par sa régularité et sa disponibilité. Selon lui, les surfaces qui seront irriguées uniquement par les eaux usées traitées (EUT) dépassent de loin celles irriguées par les eaux de pluie. En fait, c?est la fiabilité de cette source d?eau, surtout en période de sécheresse, qui rend son exploitation plus que nécessaire dans les jours à venir. «Le traitement des eaux usées est un grand projet pour l?agriculture, il constitue une issue de secours et assure notre sécurité alimentaire», a-t-il argué. Toutefois, l?orateur n?a pas manqué d?insister sur la sensibilisation de la population rurale et agricole. Sur ce point, c?est le docteur Ali Abda, sous-directeur du contrôle sanitaire au ministère de l?Agriculture, qui intervient non sans pointer du doigt ceux qui irriguent leur culture avec des eaux usées non traitées, causant ainsi un danger permanent à la santé publique. «Souvent, des intoxications sont enregistrées au niveau des populations rurales touchant même les animaux», révélera-t-il. Pour ce faire, l?intervenant, qui est également membre du Comité opérationnel de lutte contre les maladies à transmission hydrique (MTH), propose des systèmes de traitement des eaux «adéquats et adaptés aux conditions climatiques et sanitaires du pays». La problématique soulevée par le docteur Abda semble être confortée par la nécessité de «parvenir à la maîtrise d?une technologie bien adaptée». C?est d?ailleurs un des points fondamentaux qui ont caractérisé ces débats. Il s?agit également de dégager notamment les problèmes rencontrés lors de l?utilisation des eaux usées et de leur système de traitement. La mise en place de normes spécifiques d?utilisation, c?est-à-dire déterminer quelles sont les cultures qui peuvent être irriguées par ces eaux usées traitées et ce, en fonction des contraintes climatiques et sanitaires de l?Algérie, fera l?objet d?une circulaire nationale devant sanctionner ces travaux qui vont durer deux jours. Ce document, qui sera élaboré conjointement par différentes institutions, à savoir les départements de l?Agriculture, des Ressources en eau, de la Santé et de l?Intérieur, va définir les normes microbiologiques de l?eau, son utilisation et la question de la prise en charge des stations d?épuration qui seront sous la coupe de l?Office national d?assainissement (ONA).