Le mot «normal» est entré depuis longtemps dans le langage des Algériens, avec le sens qu?on lui connaît en français : conforme à la norme, aux règles établies, que chacun est censé connaître. Le normal, c?est l?habituel, le banal, l?ordinaire, le courant, le régulier? Ainsi quand on demande à quelqu?un s?il travaille bien à l?école, il répond «normal» : khdamt mlih? f lemsid ? ? normal, c?est-à-dire «ça va». Quand on veut savoir si une personne est à l?aise ou qu?un plat lui a plu, elle répond aussi normal : ?âdjbek ? ? normal ! Au plan médical, rani normal (je suis normal) signifie que l?on est bien, que l?on ne ressent aucune douleur, que l?on ne souffre d?aucune affection. «Kifech h?assit ruh?ak ?» demande le médecin qui prodigue des soins ; ? «Rani normal» (je me sens bien) ! On détrompe aussi en utilisant ce mot : wa?âlach rak tchek fiya ? ? Wallah walu, normal ! (pourquoi donc doutes-tu de moi ? ? par Dieu, non, normal !) c?est-à-dire «il n?en est rien !». Normal a un sens positif, affirmatif, mais guère plus. Ainsi, il n?exprime pas l?enthousiasme d?un «bien !», par exemple, ou la satisfaction d?un «ghaya !» (excellent). Ainsi, le plat que l?on trouve «normal» est apprécié, mais sans fougue ; le médecin à qui on répond normal comprend qu?il n?y a rien à signaler et l?ami qui s?inquiète est juste rassuré par un «normal» qui le met à l?aise. Il est vrai que des expressions comme Wallah (par Dieu) renforcent le mot et lui donnent plus de conviction, mais normal, c?est normal, c?est-à-dire régulier, correct, banal? sans plus.