Résumé de la 63e partie La lampe, dont la femme esclave parIait, était la lampe merveilleuse qui avait permis à Aladdin de devenir aussi riche. La princesse Badroulboudour, qui ignorait que la lampe fût aussi précieuse qu'elle l'était, et qu'Aladdin, sans parler d'elle-même, eut un intérêt aussi grand qu'il l'avait qu'on n'y touchât pas et qu'elle fût conservée, entra dans la plaisanterie et elle commanda à un eunuque de la prendre et d'en aller faire l'échange. L'eunuque obéit. Il descendit du salon ; et il ne fut pas plus tôt sorti de la porte du palais qu'il aperçut le magicien africain ; il l'appela et, quand il fut venu à lui, en lui montrant la vieille lampe : «Donne-moi, dit-il, une lampe neuve pour celle-ci.» Le magicien africain ne douta pas que ce ne fût la lampe qu'il cherchait ; il ne pouvait pas y en avoir d'autres dans le palais d'Aladdin, où toute la vaisselle n'était que d'or ou d'argent ; il la prit promptement de la main de l'eunuque ; et, après l'avoir fourrée bien avant dans son sein, il lui présenta son panier et lui dit de choisir celle qui lui plairait. L'eunuque choisit et, après avoir laissé le magicien, il porta la lampe neuve à la princesse Badroulboudour ; mais l'échange ne fut pas plus tôt fait que les enfants firent retentir la place de plus grands éclats qu'ils n'avaient encore fait, en se moquant, selon eux, de la bêtise du magicien. Le magicien africain les laissa criailler tant qu'ils voulurent ; mais, sans s'arrêter plus longtemps aux environs du palais d'Aladdin, il s'en éloigna insensiblement et sans bruit, c'est-à-dire sans crier et sans parler davantage de changer des lampes neuves pour des vieilles. Il n'en voulait pas d'autres que celle qu'il emportait ; et son silence enfin fit que les enfants s'écartèrent et qu?ils le laissèrent aller. Dès qu'il fut hors de la place qui était entre les deux palais, il s'échappa par les rues les moins fréquentées et, comme il n'avait plus besoin des autres lampes ni du panier, il posa le panier et les lampes au milieu d'une rue où il vit qu'il n'y avait personne. Alors, dès qu'il eut enfilé une autre rue, il pressa le pas jusqu'à ce qu'il arrivât à une des portes de la ville. En continuant son chemin par le faubourg, qui était fort long, il fit quelques provisions avant qu'il en sortît. Quand il fut dans la campagne, il se détourna du chemin dans un lieu à l'écart, hors de la vue du monde, où il resta jusqu'au moment qu'il jugea à propos pour achever d'exécuter le dessein qui l'avait amené. Il ne regretta pas le barbe qu'il laissait dans le khan où il avait pris logement ; il se crut bien dédommagé par le trésor qu'il venait d'acquérir. Le magicien africain passa le reste de la journée dans ce lieu, jusqu'à une heure de nuit, que les ténèbres furent les plus obscures. Alors, il tira la lampe de son sein et il la frotta. A cet appel, le génie lui apparut. «Que veux-tu ? lui demanda le génie ; me voilà prêt-à t'obéir comme ton esclave, et de tous ceux qui ont la lampe à la main, moi et ses autres esclaves. ? Je te commande, reprit le magicien africain, qu'à l'heure même tu enlèves le palais que toi ou les autres esclaves de la lampe ont bâti dans cette ville, tel qu'il est, avec tout ce qu'il y a de vivant et que tu le transportes avec moi en même temps dans un tel endroit de l'Afrique.» Sans lui répondre, le génie, avec l'aide d'autres génies, esclaves de la lampe comme lui, le transportèrent en très peu de temps, lui et le palais en son entier, au propre lieu de l'Afrique qui lui avait été marqué. Nous laisserons le magicien africain et le palais avec la princesse Badroulboudour en Afrique, pour parler de la surprise au sultan. (à suivre...)