La construction d?une maison individuelle a été de tout temps le signe primordial de la réussite chez les Algériens. Il fut un temps où le rêve du travailleur émigré était de revenir enfin au pays, après une vie de privations et d?exil, après avoir amassé suffisamment d?argent pour pouvoir enfin construire une maison en dur, de préférence avec un étage supérieur, un joli balcon fleuri et un petit magasin au rez-de-chaussée. Ainsi donc, beaucoup de nos villes et villages allaient voir proliférer ces petites maisons cossues qui paraissaient quelque peu prétentieuses lorsqu?elles jouxtaient les sobres maisons de maître d?antan. Mais le bonheur de ces hommes qui avaient passé leur vie à réaliser leur rêve et celui de leurs familles qui les retrouvaient enfin faisait plaisir à voir. Ce n?est que vers le début des années 1970 que la vraie débâcle allait commencer. Les agglomérations étaient jusque-là soumises à des règles d?urbanisme minimales. Nul ne pouvait ériger un bâtiment sans permis de construire, le nombre de niveaux était limité, le style architectural devait être en conformité avec le site et ses traditions urbanistiques, la réalisation du bâtiment devait être strictement conforme au plan déposé? Du jour au lendemain, toutes ces saines dispositions allaient être balayées. Le boom économique de la manne des hydrocarbures aidant, les Algériens allaient être pris d?une fringale de construction. Des gens très pauvres et qui habitaient dans des conditions précaires se sont retrouvés à la tête de gros capitaux ; ils ont eu les moyens de réaliser le rêve de leur vie : construire une grande maison avec plusieurs étages. (à suivre...)