Un peu comme à chaque été, la Kabylie retrouve ses enfants prodiges. En effet, les émigrés sont de plus en plus nombreux à sillonner souvent avec leurs beaux carrosses les rues et avenues des villes et des villages de Kabylie. L'été aidant et l'envie de se montrer fait que ces enfants prodiges deviennent le temps d'un séjour plus ou moins long des enfants prodigues. La chose ne semble guère coûter cher avec un euro échangé sur le marché parallèle à plus de onze dinars. Aussi, certains de ces émigrés jouant aux grands seigneurs après certainement des mois, voire des années de privation en terre d'exil, s'offrent l'espace d'un séjour des airs de riches. L'éclat ne dure évidemment qu'un moment avant que la quotidienneté ne rattrape tout ce beau monde et que la ferme de l'habitude ne recouvre tout cela! Seuls restent alors en piste les vrais possesseurs de «trésors» ceux-là qui, année après année, ont amassé une vraie petite fortune en vue de construire au village la maison de leurs rêves! D'autres familles d'émigrés profitent de cette présence au village pour essayer de «marier» leur grande fille. Les prétendants seront certainement nombreux, non pas que la fille soit reine de beauté et qu'elle éclipse les filles du village et des alentours mais en plus elle a cette possibilité d'offrir à son futur époux «la chance» de pouvoir s'installer en France dans le cadre du regroupement familial. Avec ce sésame, la fille apparaît comme la plus belle de toutes et peut se permettre de refuser du monde au portillon ! D'autres émigrés ont en tête autre chose ; ainsi, les pères de famille pensent à faire la circoncision de leur enfant lors de ces vacances et la nave va! Le village retrouve pour un temps une certaine vie avant de retomber dans le creux de la vague dès que les «étourneaux d'été» seront repartis. Les marchés des fruits et légumes connaissent eux aussi en été ce coup de feu sur les prix avec les fêtes et cette habitude des émigrés, qui eux, font leurs courses en payant sans rechigner! Il est vrai que pour eux les dinars doivent «disparaître» durant ce court laps de temps qu'ils passent au village! Aussi les autres, ceux pour qui un dinar compte, rongent leur frein et savent que ces marchands, qui aujourd'hui font la tête, vont les courtiser demain lorsqu'ils seront les seuls acheteurs potentiels sur le marché! Comme de juste, la Kabylie vit intensément ces moments-là car ce sont finalement des moments de joie. Joie des retrouvailles en famille et entre amis et aussi joie de voir que d'autres, ailleurs, ont réussi ou du moins donnent cette impression d'avoir réussi!