Pratique C?est l?arme des amoureux éconduits et qui veulent se venger. L?un des rites magiques les plus répandus autrefois était la tedjria. Il était pratiqué par les femmes, mais aussi par les hommes, essentiellement pour nuire aux femmes. Le nom du rite, tedjria, vient du verbe djri (courir) et concerne les menstrues ou règles périodiques. Il s?agit, par vengeance, de provoquer les règles et de les faire durer indéfiniment. L?objectif est clair : rendre la femme indisposée et donc rituellement impure, de sorte que son époux ne puisse avoir commerce avec elle. Le mari, excédé, finit par répudier la malheureuse. La tedjria est également l?arme des amoureux éconduits qui se vengent de celles qui les rejettent. A la fin du XIXe siècle, l?ethnologue français Emile Doutté, auteur d?une étude sur les procédés de magie maghrébine, a recueilli une version de ce rite dans la région de Miliana. L?opération, écrit-il, «consiste à enfermer un lézard dans un tube de bambou qu?on cache ensuite sous terre après avoir prononcé certaines formules magiques». On croit que le lézard est capable de vivre de longs mois sans nourriture et même sans air ; ses souffrances dans le bambou sont transférées sur la femme à qui on veut infliger la tedjria. Le handicap dure tant que dure l?agonie du reptile. Et une fois le lézard mort, on recommence avec un autre ! Dans d?autres régions, c?est le crapaud qui sert de victime : lui aussi est, croit-on, très résistant et peut tenir de longues semaines. On met avec le crapaud une formule magique, écrite par le magicien. Les femmes qui souffrent de troubles menstruels se croient ensorcelées et cherchent désespérément les endroits où leurs ennemis auraient pu enterrer le lézard ou le crapaud qui cause leur malheur.