Au début du XXe siècle, l'ethnologue français, Emile Doutté, auteur d'une étude sur les procédés de magie maghrébine, a recueilli une version de ce rite dans la région de Miliana. «L'opération, écrit-il, consiste à enfermer un lézard dans un tube de bambou qu'on enfouit ensuite sous terre après avoir prononcé certaines formules magiques.» On croyait que le lézard était capable de vivre de longs mois sans nourriture et même sans air : ses souffrances dans le bambou sont transférées sur la femme à qui on veut infliger la tedjria. Le handicap dure tant que dure l'agonie du reptile. Et une fois le lézard mort, on recommence avec un autre ! Dans d'autres régions, c'est le crapaud qui sert de victime : lui aussi est, croit-on, très résistant et peut tenir de longues semaines. On met avec le crapaud une formule magique, écrite par le magicien. Les femmes qui souffrent de troubles menstruels se croient ensorcelées et cherchent désespérément les endroits où leurs ennemis auraient pu enterrer le lézard ou le crapaud qui cause leur malheur. On ignore si ces recettes provoquent réellement l'écoulement, mais la femme, qui se sent victime de ce type d'ensorcellement, doit s'autosuggestionner et le faire survenir.