"Jeu de scènes" Incarnant si bien le personnage féminin de l?Algérie du poète, Rym Takoucht, qui, en 1998, a révélé au public ses qualités de comédienne dans Tartuffe de Molière, vit pleinement le quatrième art et ne cesse de multiplier les expériences si enrichissantes pour sa carrière. Infosoir : Voulez-vous vous présenter aux lecteurs ? Rym Takoucht : Diplômée de l?Institut national des arts dramatiques, je suis comédienne indépendante. J?ai joué dans de nombreuses pièces théâtrales, à savoir Ubu Roi, Les martyrs reviennent cette semaine de Benguettaf, La confrontation avec Mustapha Saïd et Sonia, Tartuffe de Molière. J?ai fait aussi du théâtre pour enfants. Par ailleurs, j?enseigne l?art dramatique à des enfants et à des adultes au centre culturel de Chéraga. J?ai joué dans Hanan Imraâ, un feuilleton télévisé, et dans Mehdi d?Alger, une coproduction cinématographique franco-algérienne. Parlez-nous de votre film. Ce film, réalisé dans le cadre de Djazaïr 2003, l?Année de l?Algérie en France, raconte la décennie noire, le malaise dans lequel vivait la population algérienne, notamment cette crainte sourde et cette méfiance lancinante qui, toutes les deux, étaient le lot quotidien de tous les Algériens. Que vous a apporté cette aventure cinématographique ? Il faut savoir d?abord qu?il s?agit pour moi d?une nouvelle expérience dans le domaine du cinéma. Ce que j?ai gardé de cette aventure, c?est avant tout une expérience enrichissante, voire constructive. Elle m?a permis de découvrir une autre manière de travailler, de voir les choses, d?appréhender l?art. En ce moment, vous jouez les textes de Aït Menguellet. Qu?est-ce qui vous a poussée à vous lancer dans pareille aventure ? D?abord, l?esthétique du texte, sa poétique et sa symbolique. Lorsque je l?ai lu, il m?a aussitôt captivé et touché à tel point que j?ai tout de suite accepté le rôle. Ensuite, parce qu?il raconte l?Algérie, cette Algérie à laquelle je me réfère, donc à laquelle j?appartiens. Cela revient à dire que l?Algérie du poète retrace mon histoire, raconte mon existence, en partie. Comment était le jeu ? J?avoue qu?il était difficile parce qu?il s?agit non pas de textes écrits particulièrement pour le théâtre dans le but d?être joués, mais de poésie destinée seulement à être déclamée. Il fallait trouver la formule adéquate pour mettre les poèmes de l?artiste en scène. C?est-à-dire, il fallait donner une forme théâtrale à un texte poétique. Que vous a apporté la pièce ? Cela m?a permis, d?un point de vue théâtral, de m?exprimer pleinement en exploitant sans retenue mes potentialités de comédienne, mais aussi de découvrir, moi qui ne suis pas kabyle, la poésie de Aït Menguellet, une poésie forte et complexe, profonde et belle. Cela m?a permis également de découvrir une autre Algérie, de m?ouvrir à une autre culture. Et que vous a-t-elle appris ? La tolérance, l?amour et la paix. Elle m?a appris que tout homme à le droit au bonheur, à la vie.