Résumé de la 78e partie Très heureux de retrouver sa fille, le sultan lui demanda de lui faire le récit de ce qui lui était arrivé. La princesse se fit un plaisir de donner au sultan, son père, la satisfaction qu'il demandait. «Sire, dit la princesse, si je parais si peu changée, je supplie Votre Majesté de considérer que je commençai à respirer dès hier de grand matin par la présence d'Aladdin, mon cher époux et mon libérateur, que j'avais regardé et pleuré comme perdu pour moi, et que le bonheur que je viens d'avoir de l'embrasser me remet à peu près dans la même assiette qu'auparavant. Toute ma peine néanmoins, à proprement parIer, n'a été que de me voir arrachée à Votre Majesté et à mon cher époux, non seulement par rapport à mon inclination à l'égard de mon époux, mais même par l'inquiétude où j'étais sur les tristes effets du courroux de Votre Majesté, auquel je ne doutais pas qu'il ne dut être exposé, tout innocent qu'il était. J'ai moins souffert de l'insolence de mon ravisseur qui m'a tenu des discours qui ne me plaisaient pas. Je les ai arrêtés par l'ascendant que j'ai su prendre sur lui. D'ailleurs, j'étais aussi peu contrainte que je le suis présentement. Pour ce qui regarde le fait de mon enlèvement, Aladdin n'y a aucune part : j'en suis la cause moi seule, mais très innocente.» Pour persuader le sultan qu'elle disait la vérité, elle lui fit le détail du déguisement du magicien africain en marchand de lampes neuves à changer contre des vieilles, et du divertissement qu'elle s'était donné en faisant l'échange de la lampe d'Aladdin dont elle ignorait le secret et l'importance ; de l'enlèvement du palais et de sa personne après cet échange, et du transport de l'un et de l'autre en Afrique avec le magicien africain qui avait été reconnu par deux de ses femmes et par l'eunuque qui avait fait l'échange de la lampe, quand il avait pris la hardiesse de venir se présenter à elle la première fois, après le succès de son audacieuse entreprise, et de lui faire la proposition de l'épouser ; enfin, de la persécution qu'elle avait soufferte jusqu'à l'arrivée d'Aladdin ; des mesures qu'ils avaient prises conjointement pour lui enlever la lampe qu'il portait sur lui ; comment ils y avaient réussi, elle particulièrement, en prenant le parti de dissimuler avec lui, et enfin de l'inviter à souper avec elle, jusqu'au gobelet mixtionné qu'elle lui avait présenté. «Quant au reste, ajouta-t-elle, je laisse à Aladdin à vous en rendre compte.» Aladdin eut peu de choses à dire au sultan. «Quand, dit-il, on m'eut ouvert la porte secrète, que j'eus monté au salon aux vingt-quatre croisées, et que j'eus vu le traître étendu mort sur le sofa par la violence de la poudre ; comme il ne convenait pas que la princesse restât davantage, je la priai de descendre à son appartement avec ses femmes et ses eunuques. Je restai seul et, après avoir tiré la lampe du sein du magicien, je me servis du même secret dont il s'était servi pour enlever ce palais en ravissant la princesse. J'ai fait en sorte que le palais se trouve en sa place, et j'ai eu le bonheur de ramener la princesse à Votre Majesté, comme elle me l'avait commandé. Je n'en impose pas à Votre Majesté et, si elle veut se donner la peine de monter au salon, elle verra le magicien puni comme il le méritait.» (à suivre...)