Résumé de la 39e partie Le fils du grand vizir passa la nuit au froid et aussi désagréablement qu'il l'avait déjà fait ; quant à la princesse, elle partagea sa couche avec Aladdin. Après ce préambule qui apaisa et qui attendrit un peu le sultan, elle lui raconta fidèlement tout ce qui lui était arrivé pendant ces deux fâcheuses nuits, mais d'une manière si touchante qu'il en fut vivement pénétré de douleur, par l'amour et par la tendresse qu'il avait pour elle. Elle finit par ces paroles : «Si Votre Majesté a le moindre doute sur le récit que je viens de lui faire, elle peut s'en informer de l'époux qu'elle m?a donné. Je suis bien persuadée qu'il rendra à la vérité le même témoignage que je lui rends.» Le sultan entra tout de bon dans la peine extrême qu'une aventure aussi surprenante devait avoir causé à la princesse. «Ma fille, lui dit-il, vous avez grand tort de ne vous être pas expliquée à moi dès hier sur une affaire aussi étrange que celle que vous venez de m'apprendre, dans laquelle je ne prends pas moins d'intérêt que vous-même. Je ne vous ai pas mariée dans l'intention de vous rendre malheureuse, mais plutôt dans la vue de vous rendre heureuse et contente, et de vous faire jouir de tout le bonheur que vous méritez et que vous pouviez espérer avec un époux qui m'avait paru vous convenir. Effacez de votre esprit les idées fâcheuses de tout ce que vous venez de me raconter. Je vais mettre ordre à ce qu'il ne vous arrive pas davantage de nuits aussi désagréables et aussi peu supportables que celles que vous avez passées.» Dès que le sultan fut rentré dans son appartement, il envoya appeler son grand-vizir. «Vizir, lui dit-il, avez-vous vu votre fils, et ne vous a-t-il rien dit ?» Comme le grand-vizir lui eut répondu qu'il ne l'avait pas vu, le sultan lui fit le récit de tout ce que la princesse Badroulboudour venait de lui raconter. En achevant : «Je ne doute pas, ajouta-t-il, que ma fille ne m'ait dit la vérité ; je serai bien aise néanmoins d'en avoir la confirmation par le témoignage de votre fils : allez, et demandez-lui ce qui en est.» Le grand-vizir ne différa pas d'aller joindre son fils ; il lui fit part de ce que le sultan venait de lui communiquer, et il lui enjoignit de ne lui point déguiser la vérité et de lui dire si tout cela était vrai. «Je ne vous la déguiserai pas, mon père, lui répondit le fils, tout ce que la princesse a dit au sultan est vrai ; mais elle n'a pu lui dire les mauvais traitements qui m'ont été faits en mon particulier ; les voici : depuis mon mariage, j'ai passé deux nuits les plus cruelles qu'on puisse imaginer, et je n'ai pas d?expressions pour vous les décrire au juste et avec toutes les circonstances les maux que j?ai soufferts.» (à suivre...)