Inquiétude La communauté musulmane de cette ville du nord de l?Angleterre craint d'être la cible d?actes de vengeance. Les auteurs des attentats ayant été présentés comme faisant partie des leurs. «Je crains pour la sécurité de ma famille», déclare Hussein Lal, un ingénieur de 53 ans, originaire du Pakistan. L'homme habite en face du domicile de l'un des auteurs présumés des attentats, Shehzad Tanweer, à Leeds, dans le Yorkshire Ouest. Ce que les terroristes ont fait «n'est pas juste, c'est triste», déclare-t-il. Depuis que les attentats ont ensanglanté la capitale britannique, un peu moins d'une centaine d'attentats racistes ont été enregistrés par les autorités britanniques. Rob Beckley, porte-parole de l'Association des chefs de la police britannique, a lui-même évoqué la «peur palpable» qui s'est emparée de la communauté musulmane de Grande-Bretagne depuis les attentats, même s'il a souligné qu'il n'y avait pas eu d'attaque concertée contre les musulmans dans le royaume. «La peur et l'impact de tous ces incidents particuliers sont très élevés», reconnaît-il. Pour tenter de préserver le calme entre les différentes communautés, les représentants des communautés musulmane, catholique et anglicane de Leeds ont tenu une conférence de presse commune, hier soir, à quelques mètres du domicile de Shehzad Tanweer. «Le temps, à présent, est à la modération, à l'unité et à la raison», a expliqué Hanif Malik, représentant de la communauté musulmane de Leeds. «Nous nous considérons comme faisant partie d'une même famille et notre volonté est de continuer à travailler pour cette compréhension, cette appréciation et ce soutien mutuels», a déclaré, pour sa part, Monseigneur Arthur Roche, l'évêque catholique de Leeds. «Il y a déjà eu des représailles», assure pourtant Khalik, qui réside près du domicile de Shehzad Tanweer. «Auparavant, les gens ne s'intéressaient pas au fait que vous êtes musulmans», affirme Hussein Lal. «A présent, nous sentons que l'on ne nous fait plus confiance», confie-t-il, déclarant comprendre en partie cette réaction. «Ces enfants (les terroristes) sont nés ici», affirme-t-il. «Si vous m'aviez demandé la semaine dernière si quelque chose n'allait pas, je vous aurais dit non, tout va bien. Mais aujourd'hui...» Dans son pressing, à proximité du domicile de Shehzad Tanweer, un vieux musulman en habit traditionnel du Pakistan observe, avec inquiétude, la police qui a bouclé le quartier. «Nous espérons qu'il n'y aura pas d'autres agressions islamophobiques», déclare-t-il, sous le couvert de l'anonymat. Sans se faire beaucoup d'illusions.