Tizi Ouzou «Je ne suis pas un criminel. Je ne voulais pas tuer ce jeune garçon», déclare l?accusé? Le 4 décembre 2004, il y a foule au tribunal criminel? l?accusé, Amar H., 54 ans, est GLD à Maâtkas. Il est aussi père de neuf enfants, et en le regardant, on se pose cette ultime question : «Est-il possible que ce père de famille ait pu tuer volontairement un jeune garçon qui pourrait avoir l?âge de l?un de ses neuf enfants ?» Les faits remontent au 8 octobre 2002. Le très jeune Amine Karim, originaire d?Ath Zaïm, est assassiné devant son magasin, durant la campagne des dernières élections locales? Un GLD a tiré sur lui, à l?aide d?un fusil de chasse. Un GLD qui était, au moment du drame, confronté à une foule qui prônait le boycott du vote? Arrêté, Amar H. nie avoir eu l?intention d?attenter à la vie de la victime? Dans le box des accusés, l?allure fébrile et le teint incroyablement pâle, il s?exclame : ? Je ne vois pas pourquoi j?aurais assassiné ce jeune garçon? Je n?avais aucune raison de le faire? ? Vous avez pourtant tiré dans sa direction? ? Monsieur le président, j?ai été violemment agressé par la foule avec des jets de pierres? Hors de moi, j?ai tiré à l?horizontale, et j?ai atteint la victime? C?était un accident». Cependant, la partie civile ainsi que quelques témoins rejettent cette déclaration, qui, selon eux, ne tient pas debout : «L?homicide est volontaire. Aucun certificat médical n?a été délivré à l?accusé afin de justifier l?agression dont il fait état». Par ailleurs, au moment de son arrestation, Amar H. ne présentait pas la moindre égratignure qui pourrait justifier ses déclarations. Pour sa part, la défense plaide les circonstances atténuantes : «Notre client est un homme responsable, respectueux et qui, malgré le climat politico-social qui avait caractérisé les élections de mai et octobre 2002, à Tizi Ouzou et en Kabylie, a été à la hauteur de sa fonction en sa qualité de responsable GLD?» Quant au représentant du ministère public, il requiert la perpétuité, après un long réquisitoire au cours duquel il met en exergue la gravité des faits. Après délibération, la cour rend enfin son verdict : Amar H., 54 ans, est condamné à 10 ans de prison ferme.