Résumé de la 1re partie Le «Banel» fait partie de la flotte envoyée par Bonaparte, au début du XIXe siècle, pour reprendre possession de la colonie de Saint-Domingue? Tout a commencé à Toulon, le 9 janvier 1802, où comme on disait encore, en utilisant le calendrier de la Révolution française, le 19 nivôse de l?an 10. Une escadre quittait le port, en route vers l?Amérique. L?Amérique où, depuis trois siècles maintenant, les puissances européennes ? Anglais, Espagnols et Français ? se disputaient des îles. La France s?apprêtait à reprendre possession de Saint-Domingue, ou plutôt de la partie occidentale de l?île, la région orientale étant, à l?époque, sous possession espagnole (c?est l?actuelle République dominicaine). Napoléon Bonaparte venait de mettre fin à une dizaine d?années de guerre en Europe et signé, avec l?Angleterre, la paix d?Amiens. Ce traité a été suivi par d?autres, avec le Portugal, la Bavière, la Turquie ainsi que les Régences d?Alger et de Tunis. C?était donc la paix générale. La France, après la coupure révolutionnaire, voulait reprendre ses colonies d?Amérique et développer le commerce colonial. Déjà, l?Espagne a restitué la Louisiane en échange du duché de Toscane, à cet important territoire s?ajoutent la Martinique, la Guadeloupe, Tobago, la Grenade, des îles restées françaises. Le cas de Saint-Domingue était particulier. En 1793, l?Angleterre et l?Espagne s?étaient partagé la partie la plus riche de l?île, l?autre est tombée, depuis août 1791, entre les mains de Noirs insurgés, conduits par le célèbre Toussaint Louverture. Affranchi en 1776, il a été commandeur, cocher et surveillant de plantation, il acquit des biens, notamment des terres et des esclaves. Il sert dans l?armée en qualité de médecin (il ne savait pas lire !), devient secrétaire de l?un des chefs de l?insurrection, Biassou, puis son aide de camp, puis son second, avec le grade de colonel. Au moment de l?insurrection, il se rallie aux Espagnols qui envahissent une partie de l?île. Mais comme, en France, on venait d?abolir l?esclavage, il rompt avec Biassou et les Espagnols et rallie la République française. En 1795, il est promu colonel, puis général de brigade et devient l?instrument du rétablissement de l?ordre colonial français à Saint-Domingue. Cependant, le Directoire, après avoir exclu des rangs de l?armée les officiers noirs, veut rétablir l?esclavage pour relancer l?économie de l?île. Toussaint menace aussitôt d?organiser la résistance de l?île, à l?image de la Jamaïque. Il négocie avec les Anglais, reçoit des émigrés et oblige les esclaves émancipés à rester sur place et à travailler dans les plantations qui, autrement, risquaient d?être abandonnées. Toussaint cache à peine ses visées autonomistes, voire indépendantistes sur l?île? En France, Bonaparte a compris la nécessité de rétablir l?ordre sur Saint-Domingue, en employant les grands moyens. C?est une véritable armée de 35 000 hommes qu?il va envoyer vers l?Amérique : c?est presque autant que pour l?expédition d?Egypte ! On emmenait, outre les soldats, des civils, de nouveaux colons pour l?île. L?escadre est mise sous le commandement du général Leclerc, le propre beau-frère de Bonaparte. Une première division est partie de Brest, la seconde, celle où se trouve le «Banel», part, elle de Toulon. Le cap est mis sur l?Amérique, mais c?est vers l?Afrique, plus précisément les côtes à l'ouest d?Alger, que sera poussé le «Banel». (à suivre...)