Résumé de la 2e partie En ce début du XIXe siècle, «Le Banel», en compagnie d?autres navires français, se rend en Amérique pour reprendre possession de l?île de Saint-Domingue. Les navires, qui quittent la rade de Toulon, font bonne figure : le drapeau est hissé sur le navire amiral et les canons tonnent? Les vaisseaux, chargés d?artillerie, de soldats et de civils, vont dans un ordre parfait, à l?exception du «Banel», qui a des difficultés à suivre? On l?a pourtant armé en flûte, c?est-à-dire délesté d?une grande partie de son artillerie, pour l?alléger et lui permettre d?embarquer un maximum de passagers. «Le Banel» est, en fait, un bateau en mauvais état. Il est d?origine vénitienne et il figure dans les prises de la première campagne d?Italie. Il était déjà bien malmené par les guerres et on dut le réparer dans les ateliers de Toulon. La coque radoubée, on lui a changé de nom, lui attribuant celui d?un général tué lors de la prise de Cossaria en 1796, et on l?a intégré dans la flotte impériale. Quelque temps après, on l?a envoyé à Malte pour rapatrier des prisonniers français. Chargé de cette mission, le lieutenant de vaisseau, Joseph-Thérèse Callamand, qui s?est aperçu, dès que le bateau a pris la mer, que les réparations n?avaient pas été suffisantes, accepta tout de même, quand on le lui a demandé, de piloter, de nouveau, le bateau, mais, cette fois, sur une distance beaucoup plus importante que Malte : l?Amérique ! Sur le bateau, beaucoup de civils, certains accompagnés de leur épouse, voulaient s?installer à Saint-Domingue pour y commencer une nouvelle vie, une fois la colonie reprise. Dès le lendemain de l?embarquement, le 10 janvier 1802, «Le Banel» connaît les premiers ennuis importants. Il ne s?agit pas, comme la veille, de trouver un rythme de marche, mais il prend eau : huit pouces à l?heure, ce qui peut, si la brèche n?est pas colmatée, prendre de grandes proportions. Le lieutenant de vaisseau prend contact avec le commandant de l?escadre. ? Nous prenons eau, lui dit-il, nous ne pouvons vous suivre ! ? Pouvez-vous réparer vous-même cette avarie ? ? Oui, dit le lieutenant ! ? Alors faites, quant à nous, nous devons hâter la marche pour rejoindre le reste de l?escadre, partie de Brest ! ? Nous allons réparer et tenter de vous rattraper ! Mais, dès la nuit, «Le Banel» perd de vue la division? Le lieutenant Callamand connaît la route : après avoir pris la direction sud-sud-ouest, il doit passer au large de Mahon, puis poursuivre entre les Baléares et les côtes maghrébines ou ce qu?on appelait, alors, les côtes de Barbarie? Le bateau ne prend plus eau, mais il ne parvient toujours pas à trouver son rythme. Cependant, le 13 janvier, la vigie croit apercevoir un bateau qui appartient à la flotte? Ce sera le dernier contact avec la flotte. En effet, tous les efforts déployés pour rejoindre les navires seront voués à l?échec, «Le Banel» n?a pas la puissance nécessaire pour suivre les autres vaisseaux et encore moins les rattraper. Cette fois-ci, il est bien seul, en plein océan? (à suivre...)