Résumé de la 5e partie Le «Banel», qui croyait se rendre en Amérique, échoue sur les côtes africaines, non loin de Ténès? Y a-t-il eu réellement des religieuses au bord du «Banel» qui, en ce mois de janvier 1802, a échoué sur nos côtes ? On sait, grâce à la lettre que le chargé français d?affaires à Alger de l?époque, Dubois-Tainville, a adressé au dey Mustapha, qu?il y avait neuf femmes dans le bateau. On sait aussi, grâce aux déclarations qui ont été faites lors du procès des responsables du bateau, que six de ces femmes, après avoir transité par Oran, sont retournées en France, à bord de la frégate «La Victoire». On connaît même leur nom et les fonctions de leurs époux, tous militaires à bord du «Banel». On connaît même les noms de ces femmes et on sait que l?une d?elle, l?épouse d?un caporal, avait un nourrisson. Il ne manque donc que trois femmes et, bien qu?on ne connaisse pas leur identité, des auteurs ont supposé qu?elles aussi doivent être des épouses de militaires. Voilà qui va à l?encontre de la légende de religieuses hollandaises, naufragées et recueillies par les populations locales ! En fait, même si on n?en possède aucune preuve, l?hypothèse de religieuses hollandaises n?est pas totalement à écarter : elle pourrait même expliquer le fait que, contrairement aux autres naufragées, elles n?ont pas été réclamées au dey d?Oran par les autorités françaises : elles n?étaient pas Françaises et comme c?étaient des religieuses, elles n?avaient pas d?époux pour les réclamer. D?ailleurs, dans sa lettre, le chargé d?affaires ne cite pas les trois femmes : «Du vaisseau qui a échoué cet hiver sur vos côtes, il me manque encore plus de 150 hommes qui sont entre les mains des Barbares.» On s?est étonné que ces religieuses soient Hollandaises et qu?elles aient embarqué sur un bateau de la République : en fait, la Hollande était elle-même une République, la République batave, et qu?elle était considérée comme une s?ur de la Grande République française : rien d?étonnant qu?on embarque, en partance pour Saint-Domingue, des religieuses hollandaises, peut-être en route pour les colonies hollandaises d?Amérique? Les Beni Haoua, eux, n?hésitent pas à dire que les femmes, qui ont qui ont échoué sur leur rivage en ce début du XIXe siècle, sont bien des nonnes. Déjà, au début du XXe siècle, plus exactement en 1902, soit un siècle après le naufrage, R. Randeau, rédigeant son ouvrage sur Isabelle Eberhardt, interrogeant les habitants de la région de Ténès, apprenait qu?un bateau, transportant des religieuses, avait échoué dans la baie de Souhalia. On parle de trois, de quatre et même de sept religieuses, qui ont été recueillies par la population, puis qui se sont mariées avec des habitants de la région. L?une de ces femmes, qui semble la supérieure de ces religieuses, est appelée par la tradition Mama Binette ou Yemma Binette, qui, comme on l?a démontré, n?est que l?expression yemma bnat ou yemmat lbnat «la mère des filles». Les montagnards disent encore, selon certains récits, que Yemma Banet se serait convertie à l?Islam, ce qui explique qu?on l?ait élevée au rang de sainte et qu?on ait édifié une koubba sur sa tombe, transformant celle-ci en lieu de pèlerinage ; pour d?autres, elle est restée chrétienne, ainsi que ses «filles» d?ailleurs. (à suivre...)