Histoire n Cette demeure aux riches colonnades a traversé les siècles. «Les travaux de consolidation et même de petite restauration ont déjà été entrepris», a indiqué Mme Badia Sator, directrice de la culture à la wilaya d'Alger, confiant qu'un bain turc a été découvert durant les travaux de fouilles. Cette restauration, au vu d'une étude réalisée par un bureau d'études national, porte sur l'assainissement, l'étanchéité, le revêtement des sols et des murs, ainsi que sur les corps d'état secondaires, notamment la plomberie sanitaire, la menuiserie bois et aluminium, l'électricité, la peinture et la vitrerie. «Cette villa comprenant un jardin fabuleux qui se veut une continuité du Jardin d'essais de par la variété des espèces existantes, reprendra sa fonction initiale, c'est à dire abritera des ateliers de peintres», a déclaré Mme Sator. Et d?ajouter : «Nous ambitionnons d'en faire aussi un lieu de séjour pour les plasticiens de la Méditerranée de passage à Alger.» L'opération de réhabilitation et de restauration de la villa Abdeltif a été saluée par les artistes. «C'est une louable initiative. Ce sera un lieu de rencontre permettant d'échanger nos expériences plastiques avec les artistes nationaux et étrangers lors de leur séjour», a souligné la plasticienne Souhila Belbahar, l'une des doyennes des femmes peintres algériennes et descendante des Abdeltif. Pour le miniaturiste Ali Kerbouche, «c'est une très bonne chose de restaurer cette villa très célèbre qui a inspiré beaucoup de grands peintres et qui constitue un lieu très propice à la création. Les peintres Bourdine, Ziani, Rachid Djemai, Denis Martinez et moi-même avons travaillé dans ces lieux». Et d?ajouter que le peintre espagnol Charles Ortega a été aussi pensionnaire de la villa au cours de l'année 1986. L'artiste, a-t-il précisé, «a préparé, lors de son séjour, une exposition sur les paysages algériens qu'il a présentée au Musée national des Beaux-Arts d'Alger». Située dans le bois des Arcades, au-dessus du Jardin d'essais et à proximité du Musée national des beaux-arts, la villa Abdeltif, classée en 1922 monument historique, a été construite en 1715 et avait appartenu à des notabilités de la régence d'Alger, dont Hadj Mohamed Khodja, ministre de la Marine. Cette demeure, aux riches colonnades et à la cour décorée de brillantes céramiques, fut achetée par l'épouse d'un secrétaire général de l'administration turque avant d'être acquise, en 1795, par les Abdeltif, une famille algéroise, pour la somme de deux mille dinars d'or, puis elle servit pendant quelque temps de lieu de convalescence pour les soldats de la Légion étrangère. Récupérée par les Abdeltif en septembre 1834 qui la louèrent à un commerçant nommé Mouchi Ben Cherebi Boucaya, la maison fut achetée par les domaines, qui la louèrent à la Compagnie fermière du Jardin d'essais jusqu'en 1907, où elle devient la maison des artistes venus de France, qui découvrent la lumière éblouissante des lieux.