Patrimoine n La région de Béchar et celle du Sud-Est comptent nombre de musiciens, les uns connus, d'autres moins. Ils sont là et font le quotidien musical des habitants. Hadj Larbi Tiouti est parmi ces hommes que la musique passionne et il est aussi l'un des doyens des musiciens de Béchar. Dès sa plus tendre enfance, Hadj Larbi est passionné de disques et de musique de tout genre. Né en 1945, il n'est jamais allé à l'école comme de nombreux jeunes Algériens de l'époque. C'est à l'école coranique qu'il apprendra à lire et à écrire, tout en continuant à écouter de la musique sur le vieux tourne-disque de son oncle. A 14 ans, il est vendeur, sur le marché local, de bouquets de menthe que son oncle lui confie, ce qui lui permet de gagner un petit pécule et de se lancer dans la commercialisation de livres et de recueils de chansons des plus célèbres chanteurs arabes tels Mohamed Abdelwahab, Oum Kalthoum et Farid El-Atrach. Avec son pécule, il achète un luth et commence à s'initier à cet instrument qui figure parmi les plus usités dans la région du Sud-Ouest. Des musiciens locaux se chargent de lui enseigner l'art de jouer de cet instrument dont il ne tarde pas à avoir le doigté, jusqu'à devenir lui-même un luthiste accompli. La maîtrise du luth lui permet de fonder un petit groupe qui se produit en diverses occasions, notamment dans les fêtes et particulièrement les mariages. Entre-temps, le jeune Larbi collectionne les disques 33 tours de ses chanteurs préférés, dont il possède actuellement une imposante collection. Dans les années 1970, Hadj Larbi Tiouti, tout en continuant à jouer de la musique, effectue des voyages à travers de nombreux pays arabes, notamment au Maroc, en Tunisie, en Libye et en Egypte, avec une seule idée en tête : rencontrer des chanteurs et des musiciens. En 1987, il fonde l'orchestre de variété Mawahib El-Djanoub qui ne tarde guère à s'imposer dans toute la région. Avec l'apparition à Béchar de la première radio locale, qui à l'époque émettait sur les ondes de la chaîne nationale à raison de 2 heures par jour, l'orchestre acquiert une notoriété qui dépasse le cadre local. La même année, Tiouti crée son propre studio d'enregistrement, Studio El-Atlal, où il enregistre des cassettes des chanteurs Alla, Mohamed Zighem et Benhimouda, un chanteur populaire d'El-Goléa, et Khadidja Abbadi pour laquelle il compose également quatre chansons. Quelques années après, la troupe Mawahib El-Djanoub disparaît, ce qui l'oblige à fermer le studio pour travailler en solo, composant des chansons et animant de temps à autre des fêtes locales.