Panorama n Au bout de la station Ski-Club, en allant vers le nord, le visiteur découvre, du haut des 1 400 m d?altitude, une vue inédite. Il est midi, la chaleur en bas frise les 38 degrés, Blida, affalée sur le lit de la Mitidja, rêve de papillons et sue des noubas. Tout autour, la Mitidja nourricière évoque les souvenirs de richesses et les promesses d?un avenir opulent. Un peu plus loin, la Méditerranée pose son opulente poitrine sur un littoral bronzé. Le mont Chenoua, replié sur lui-même, ressemble à une tortue géante. Ici, l?air chatouille les sens, éveille la curiosité, le sublime est partout. Il est envahissant ! La marée de chaleur monte à vue d??il. Atteindra-t-elle Chréa ? Elle est renvoyée par une fraîcheur tenace. Les mots sont muets, ils ne peuvent décrire la beauté du site. Place aux sentiments ! La crainte drainée derrière soi s?estompe peu à peu, emportée par les vents de la certitude. Une certitude qui fixe le souvenir, qui éveille la beauté endormie en chacun. Le temps se décrispe et arrête sa course haletante. Chréa lui offre cette chance. Les instants se diluent, coulent lentement. On écoute son c?ur sans se soucier de la raison. L?endroit incite aux questions profondes ! Que signifie l?existence ? Celle du visiteur spécialement. Et s?il est incertain, le vent composera pour lui une symphonie sublime interprétée par des musiciens aux mille branches. L?ouïe se réappropriera sa signification. Face à cet océan de silence, l?éternité aura un sens. Quelques chants d?oiseaux rares se chargeront de ramener le visiteur à la réalité, si, dans sa quête de l?infini, il n?a encore rien compris. A gauche, les feuilles larges du cèdre de l?Atlas balayeront les derniers soucis. Chaque cèdre est une cascade de verdure. De leurs six mètres de haut, ils dansent le tindi. Les mouvements sont lents, les sensations exquises. Ce qui est frappant, c?est la générosité des lieux. L?homme est invité à prendre du plaisir sans retenue, à chacun sa capacité. La vie se déroulera dans tous les sens. La Mitidja fleurira spécialement pour le visiteur. Blida méritera à ce moment-là son nom de ville des Roses. Celles qui ne se faneront jamais. Ici, chaque endroit a son histoire : tragique ou heureuse, ou les deux à la fois. La terre, l?eau, l?air, le feu, les éléments à l?origine de la vie se côtoient dans un incessant entremêlement. L?homme, souvent ingrat, tourne le dos à cette évidence pour se lancer sur les sentiers infernaux. La nature fixe la raison et évoque le souvenir de l?éternel. Les louanges doivent ponctuer l?existence, celle à laquelle le visiteur aura donné un sens.