Résumé de la 5e partie n El-Yaqut fabrique des objets de vannerie qu?elle cède à des revendeurs qui la volent. Parce qu?elle ne peut pas se rendre elle-même au souk ! Pour la centième fois, elle se dit : «Et pourquoi n?irai-je pas au souk ?» Elle n?a plus rien à craindre de ses parents, ses oncles ayant tous disparu, quant à ses cousins, aucun ne s?est jamais soucié d?elle? Ils n?auraient pas le toupet de venir lui faire des reproches ! Mais elle pense à ses beaux-frères et à ses neveux. Elle ne voudrait pas qu?on leur dise que leur belle-s?ur ou leur tante va dans les marchés? Mais va-t-elle continuer à se laisser voler par ces revendeurs sans scrupules ? Elle ne le supporterait pas? Et puis, elle a besoin de l?argent que lui rapportent ces produits ! El-Yaqut trépigne de rage ! Elle en veut à la tradition qui lui interdit d?aller au souk vendre sa marchandise et la livre ainsi, pieds et poings liés, aux escrocs ! Un jour, alors qu?elle se regarde dans une glace, elle est effrayée par sa laideur. «Mon Dieu?, se dit-elle. Ces sourcils épais, ce nez aquilin, ce front bombé, ce menton pointu? Mon Dieu, tu ne m?as donné aucun charme !» Elle se regarde encore et elle se dit : «On dirait un homme !» Une idée lumineuse lui traverse alors l?esprit. «Un homme? Mais alors, je pourrais passer inaperçu sur une place de marché? Un marché, bien sûr, où personne ne me connaîtrait !» Elle se lève aussitôt, monte dans la soupente de la maison où elle garde les vieux objets de ses parents et déniche le burnous de son père. Elle trouve aussi un pantalon et une veste. Elle redescend, revêt le tout, enroule, en guise de turban, un morceau de tissu sur sa tête, et se regarde de nouveau dans la glace. «Un homme, je ressemble à un homme !» Elle prend une canne et la fait tournoyer dans la main. «Je suis un vieil homme ! Da Lyaqut, ou, mieux, pour avoir plus de respectabilité, El-Hadj Lyaqut !» Elle éclate de rire. «Avec cet accoutrement personne, même pas mes propres géniteurs, ne pourrait me reconnaître !» Elle va dans la cour de la maison où elle entasse ses produits de vannerie, en prend quelques-uns et fait semblant de les proposer à la vente. ? Regardez mes chapeaux, mes éventails, mes plats? D?une solidité à toute épreuve ! Et ils ne sont pas chers du tout ! Elle rit. Elle a des dizaines de boniments tout prêts? Il n?y a pas de doute qu?elle vendra ses produits en un tour de main, et avec de beaux bénéfices. Ce jour-là, elle a pris sa décision : elle ira au souk déguisée en homme, en vieil homme. El-Hadj El-Yaqut est né ! Dès demain? (à suivre...)