Résumé de la 4e partie n El-Yaqut voudrait se rendre au souk pour vendre elle-même les produits de vannerie qu?elle fabrique ou acheter ce dont elle a besoin. Mais le souk est interdit aux femmes ! Les années passent. El-Yaqut n?est plus toute jeune, c?est déjà une femme proche de la vieillesse. Sa mère est morte depuis de nombreuses années et elle vit seule dans la maison familiale. Ses s?urs, qui sont mariées et vivent dans des villages voisins, lui rendent visite de temps à autre ainsi que leurs enfants, mais la plupart du temps, elle vit seule. Comme autrefois, elle fait tout : le ménage, la lessive, la cuisine et elle s?occupe des oliviers, des figuiers et du verger qui lui donnent les légumes et les fruits dont elle a besoin. Chaque soir, après le souper, elle se met dans un coin et, à la lueur vacillante d?un quinquet, elle tisse des chapeaux, des nattes et autres produits de vannerie qu?elle cède à des revendeurs? Ce seront justement ces produits, qu?on lui achète très mal, qui vont tout déclencher. Un jour, alors qu?elle décharge sa marchandise chez un revendeur, celui-ci lui dit sans ménagement que les prix ont baissé. ? Je ne peux te donner ce que je te donne habituellement, lui dit-il. Elle le regarde, stupéfaite. L?homme continue : ? Je te donne la moitié de ce que je te donne habituellement ! Elle ne peut se retenir : ? Mais tu me fais là une grande injustice? Toutes ces heures de travail pour quelques sous ! ? C?est à prendre ou à laisser ! Dans un sursaut de dignité, elle reprend sa marchandise et rentre chez elle. Mais une fois arrivée à la maison, elle contemple le monceau de produits et se demande avec effroi ce qu?elle va en faire. ? J?aurai dû accepter l?offre ! Elle peut toujours retourner auprès de l?homme, mais ce sera pour elle une humiliation? Et si elle ne fait rien, que fera-t-elle de sa production ? Et les productions à venir ? Elle a compris que le vendeur ne lui donnera pas plus que ce qu?il lui a proposé, peut-être même, pour l?humilier, baissera-t-il l?offre? Il la tient ! «C?est injuste !» se dit la pauvre femme, qui a envie de pleurer. Et, comme autrefois, quand un autre vendeur l?a volée, elle s?est dit : «Et pourquoi n?irai-je pas vendre, moi-même, ma production, au souk ?» Oui, pourquoi n?irait-elle pas au souk ? Il lui semble entendre la voix de sa mère : «Parce que c?est la tradition : nos ancêtres en ont décidé ainsi il y a longtemps et on ne peut, aujourd?hui, remettre en cause l?ordre des choses !» Et si cet ordre des choses était injuste ? A l?époque où sa mère lui rappelait la règle, elle avait quarante ans ; aujourd?hui, elle a presque soixante-dix ans? C?est une vieille femme et, de plus, elle n?a plus personne au monde. Et si elle transgressait cette tradition qui l?a toujours livrée, pieds et poings liés, aux spéculateurs ? (à suivre...)