Patrimoine n «Hay Laksiba» est le plus vieux quartier de Cherchell avec ses maisons traditionnelles formées de la «skifa», «wast eddar», «el-kheima» et «stah». C?est au «stah», qui veut dire toit des maisons, que les jeunes filles se regroupaient pour des parties de «bouqala» ou tout simplement pour discuter, rire, échanger des confidences et parfois des recettes de cuisine. Le «stah» était l?endroit où l?on étendait le linge et où l?on plantait les plus belles fleurs dans des pots «m?habess». Aujourd'hui, hay Laksiba souffre non seulement des séquelles des séismes, mais aussi du manque de civisme de certaines familles qui détruisent leurs anciennes maisons pour les remplacer par d?autres plus modernes et à plusieurs étages en béton armé. «Djamâa miate arsa» (mosquée aux cents colonnes) est un autre vestige historique de Cherchell. Elle a été construite après 1496 sur le modèle andalou des célèbres mosquées de Grenade. La légende populaire affirme qu?elle a été bâtie sur un antique site romain. «Transformée en 1850, en hôpital militaire d?une capacité de 244 lits, puis en 1900, en hôpital civil, elle a été baptisée en 1968 hôpital Malek-El-Berkani. Sa réhabilitation, en 1984 en mosquée ne fut que partielle, parce qu?elle est actuellement amputée d?une partie de son architecture, transformée en école paramédicale et en service des urgences annexe de l?hôpital de Sidi Ghilès», écrit Larbi Houari écrivain et journaliste cherchellois. Le tapis de haute laine de Cherchell risque, lui aussi, de disparaître. C?est le tapis qui, «selon l?histoire légendaire de dar Zrabi, décorait les luxueuses cabines du premier paquebot géant français ??France??. Ce tapis ornait aussi le Buckingham Palace et le train de la reine Elizabeth d?Angleterre. Il fut offert par l?empereur du Japon à son fils à l?occasion de son mariage», poursuivra Houari. Le tapis de Cherchell a toujours été tissé par les femmes cherchelloises depuis 1908 à «Dar Zrabi» (la maison du tapis) qui emploie actuellement près de 120 femmes. Le tapis à base de fibres synthétiques ne peut, nullement, être comparé à celui tissé à la main à base de pure laine. Une tradition à encourager et à soutenir avant qu?il ne soit trop tard. M. Aberkane P-DG de Dar Z?rabi est, quant à lui, certain de sauvegarder son tapis. «Nous pensons même à un redéploiement de nos activités. Nous avons des perspectives prometteuses pour Cherchell qu?on dévoilera en temps voulu», dira-t-il. Par ailleurs, le pillage et le vol des antiquités à Cherchell sont monnaie courante et ne semblent pas vouloir s?arrêter puisque Cherchell est bâtie sur des vestiges romains et des ruines? «Le patrimoine sera touché», selon un citoyen, cadre à Cherchell. Des pièces de monnaie d?or, d?argent, de cuivre et de bronze ont déjà fait le voyage hors de Cherchell. «Aïn Laksiba, les thermes de l?ouest de Cherchell, le théâtre romain et beaucoup d?autres sites de grande valeur doivent être pris en charge par la tutelle. Ils peuvent être d?une grande rentabilité s?ils sont mis en valeur et s?ils retrouvent leurs vocations initiales», conclura Abdelkader Berrouane, président de la commune de Cherchell.