Tel le double inversé de Bush, Ben Laden semble s?être arrangé pour aller partout où le Président américain doit poser les pieds. Après avoir réduit à néant les bases logistiques du réseau Al-Qaîda implantées en Afghanistan, les Etats-Unis ne sont pas parvenus à mettre la main sur l?homme qu?ils recherchent. Deux ans après l?attentat du 11 septembre 2001, Oussama ben Laden réapparaît sur les écrans de la chaîne qatarie El-Jazira pour venir hanter l?esprit de Bush qui essayait de rassurer ses concitoyens sur la sécurité de son pays. «Ces 24 derniers mois ont vu des progrès contre l'ennemi. Les terroristes ont perdu leurs camps d'entraînement en Afghanistan. Ils ont perdu la protection des Talibans. Al-Qaîda a perdu près des deux-tiers de ses dirigeants identifiés», a-t-il déclaré à l?occasion du deuxième anniversaire des attentats du 11 septembre 2001. Mais le Président américain n?a pas caché ses craintes de voir se reproduire les attentats contre les Etat-Unis : «L'ennemi est blessé, mais toujours plein de ressources, il recrute activement, et (est) toujours dangereux.» Pour se prémunir contre le danger qui peut surgir de partout, l?Amérique, a affirmé Bush, a mis en place depuis septembre 2001 un département de la sécurité nationale chargé de la défense et de la protection du territoire américain. Visiblement, l?un des objectifs que s?est assigné Ben Laden à savoir terroriser, semble atteint. Le chef d?Al-Qaîda déclarait déjà, lors d?un message vidéo diffusé au lendemain de l?attentat du 11 septembre, que «l?Amérique a été frappée par Dieu dans un de ses points sensibles. Ses édifices les plus imposants ont été détruits, et je remercie Dieu pour cela. L'Amérique est aujourd'hui habitée par la peur, du nord au sud et de l'est à l'ouest. Je remercie Dieu pour cela.» Il avait ajouté : «Je jure devant Dieu que l'Amérique ne rêvera jamais de sécurité ni ne la connaîtra.» A vrai dire, les apparitions médiatiques successives du richissime saoudien confèrent à celui-ci une aura incommensurable puisque la toute-puissante Amérique n?a pu empêcher un terroriste d?envahir l?intimité des foyers, partout dans le monde. En fait, Ben Laden incarne l?Homme, non pas de l?année mais du siècle naissant. Il est l?Homme de toutes les peurs. Il est l?ultra-terroriste. Il incarne l?Arabe dangereux, le musulman fondamentaliste, à la fois moderne et archaïque, intelligent et fanatique. Et s?il peut frapper l?Amérique au c?ur, c?est qu?il est supposé pouvoir atteindre le monde entier. Bush, en fait, a peur que Ben Laden ne resurgisse de là où il l?attend le moins.