Pas moins de deux attentats contre les Américains et leurs alliés ont eu lieu ce week-end, sans oublier les actions «ordinaires» d'Irak et d'Afghanistan. Sale temps pour Bush et son camp des Faucons. Alors qu'il négocie fort difficilement le plus rude virage avant de se succéder à lui-même, le locataire de la Maison-Blanche fait face à un revers sans précédent de la part du numéro deux d'Al Qaîda. Les menaces de «l'intellectuel» Zawahiri, intervenant deux jours à peine avant la commémoration du troisième anniversaire des terribles attentats du 11 septembre, ont vite fait d'être suivies par les actes puisque les Australiens, alliés des Américains, ont été touchés à Jakarta ce jeudi, alors que le centre culturel Us de Katmandou au Népal a lui aussi fait l'objet d'une attaque ce vendredi. C'est la première fois qu'Ayman Zawahiri, que l'on dit être le bras droit d'Oussama Ben Laden, apparaît sur une vidéo depuis un an. «La défaite de l'Amérique en Irak et en Afghanistan est devenue une question de temps, avec la volonté de Dieu», annonce d'entrée de jeu ce chef terroriste. Sur la vidéo, diffusée jeudi par Al-Jazira, il donnait l'air d'être en bonne forme alors que des informations précises avaient circulé sur la détérioration de son état de santé au moment où l'on disait Ben Laden et lui encerclés, en compagnie de leur garde rapprochée aux frontières entre le Pakistan, l'Afghanistan et l'Iran. «Dans les deux pays, les Américains sont entre deux feux: s'ils y restent ils saigneront à mort, et s'ils se retirent ils auront tout perdu», a encore dit Zawahiri qui, comme Ben Laden, est recherché par les Etats-Unis. Turban blanc, robe longue traditionnelle blanche et veston noir, le numéro deux d'Al Qaîda, filmé avec une kalachnikov en arrière-plan, a ajouté que les groupes islamistes armés seraient à l'origine d'une défaite des Etats-Unis en Irak, comme en Afghanistan. «En Irak, les moudjahidine ont mis en échec le plan américain, après que le gouvernement transitoire eut fait montre de tant de faiblesse», a-t-il dit dans de brefs passages de la vidéo. «L'ensemble de l'est et du sud de l'Afghanistan est devenu un terrain (d'action) ouvert aux moudjahidine», a affirmé Ayman Zawahiri. Il défie les forces américaines présentes en Afghanistan, depuis la chute fin 2001 du régime des taliban, allié d'Al Qaîda, d'engager une confrontation directe avec les miliciens du réseau terroriste. Sur la base de ces révélations, il est permis de supposer que Ben Laden a pu trouver, de nouveau, refuge en Afghanistan après avoir renoncé à aller personnellement en Irak, se contentant d'y dépêcher des taliban et, une fois écartée la possibilité pour Al Qaîda de s'implanter discrètement et durablement dans le grand Sahel africain, au sud de l'Algérie. «Les Américains se terrent maintenant dans leurs tranchées, refusant de sortir à la rencontre des moudjahidine malgré les provocations de ces derniers, qui les bombardent et les assiègent», a ajouté Ayman Zawahiri, un chirurgien égyptien de 53 ans, considéré comme le véritable théoricien du réseau Al Qaîda. Il a affirmé que les forces américaines et la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) en Afghanistan se contentaient de se «défendre par des raids aériens». «A Kaboul, les Américains et les forces de maintien de la paix sont la cible des roquettes des moudjahidine et redoutent à tout moment des opérations martyres», a-t-il encore dit dans la vidéo. Al Qaîda, qui fait de la communication son cheval de bataille, a ainsi tenu à marquer l'événement à sa manière, prouvant au passage que les croisades de Bush ont non seulement servi à rien, mais ont au contraire eu l'effet inverse puisque l'organisation terroriste de Ben Laden a su profiter de cette conjoncture relativement favorable pour étendre ses réseaux et procéder à des recrutements partout dans le monde, dans les milieux intellectuels et ancrés dans les moeurs occidentales, que les services de sécurité ne soupçonnent que rarement. Zawahiri, ancienne figure de proue du mouvement islamiste radical égyptien, médecin personnel de Ben Laden, serait ainsi devenu le cerveau de l'organisation tentaculaire Al Qaîda depuis l'arrestation, au Pakistan, de Khaled Cheikh Mohamed, soupçonné d'être le concepteur des attentats du 11 septembre 2001.
