Les Corps de justice et de concorde ou la révolte des boxeurs : L?un des mouvements les plus significatifs de cette descendance est celui des Yi Ho Tuan (Corps de la justice et de la concorde) qui, à l?origine, se nommait Poing de la justice et de la concorde (Yi Ho Quan) et se composait, comme son nom l?indique, de plusieurs sociétés secrètes basées sur le pratique de l?«art du poing» (Quan Fa), c?est-à-dire de la boxe chinoise, plus connue sous le terme de «kung-fu wushu» (réalisation dans l?art de la bravoure). Ce qui valut à ce mouvement la dénomination plus occidentale de «révolte des boxeurs» ? ou «boxers» dans sa transcription anglo-saxonne à la mode de l?époque ? donc des pratiquants de boxe. On y retrouvait donc la Société des grands sabres (Dadao Hui), la Société des huit trigrammes (Bagua Jiao) pratiquant la boxe du même nom, le Baguazhang (Paume des huit trigrammes), les Poings de la justice et de la concorde (Yi He Quan) réputés pour leur maîtrise du style de Saholin (Shaolinji Jia), la Société du petit couteau (Xiao Dao Hui) pratiquant les styles du Nord (Peijia), la Société de l?elixir d?or (Jin Dan Hui) axée sur les pratiques du Daoyin et du Taijiquan ainsi que sur la magie. A l?origine, les Yi Ho Tuan s?étaient donné pour but de renverser les Qing et de rétablir les Ming (Fan Qing Fu Ming), donc de chasser les Mandchous pour rendre le trône impérial à un empereur chinois. Habilement manipulés par l?impératrice Cixi (Tseu Hi) et le prince Duan, ils se retournèrent en fait contre les envahisseurs occidentaux et japonais et entreprirent le siège des légations, à Pékin, en 1900. Les puissances mises en cause bombardèrent Pékin et envoyèrent un corps expéditionnaire qui écrasa le mouvement et contraignit l?impératrice à de nouveaux traités inégaux, exigeant une fabuleuse rançon en or qui mit la Chine à genoux pour de longues années. Le vingtième siècle commençait bien. Sun Yat-Sen, premier président de la République chinoise, et la Société des aînés et des anciens. Ce que l?on sait moins, en revanche, c?est que le fondateur de la République de Chine, Sun Yat Sen, était lui-même issu d?une société secrète, la Société des aînés et des anciens (Ge Lao Hui) et plus particulièrement de la loge de la Ligue jurée (Tong Men Hui) qu?il mit largement à contribution pour conquérir le pouvoir en 1911. Son modèle de gouvernement fut calqué sur le fonctionnement de cette société. En 1912, il fut évincé du pouvoir par le général Yuan Shi-Kai qui, confucianiste acharné, n?avait pas de mots trop durs pour fustiger ces sociétés... Sectes vicieuses (Xie Jiao), sectes obscènes (Yin Jiao), pseudo religions (Wei Jia), sectes perverses (Yao Jiao), brigands sectaires (Jiao Fei), associations de brigands (Hui Fei), tortues puantes (Fang Gui)... étaient ses qualificatifs les plus poétiques pour les désigner. En 1914, la Chine fut encore secouée par le mouvement «Le Loup blanc recrute» (Bai Lang Zhao Liang)qui se heurta aux troupes de Yuan Shi-Kai ce qui causa encore des millions de morts dans les provinces du Nord-Ouest. (à suivre...)