Avec une moyenne d?âge de 15 ans, ce sont 200 000 nouveaux véhicules qui doivent être introduits chaque année pour garder en état le parc national automobile. C?est dire que beaucoup reste à faire pour que, enfin, notre parc roulant soit acceptable dans sa composante et ses caractéristiques. Le renouveler est donc une des priorités des pouvoirs publics qui viennent de décider l?interdiction des importations des véhicules d?occasion. C?est une première étape annonciatrice d?une amélioration certaine. L'importation de véhicules de moins de trois ans est désormais interdite. La décision, qui entre en vigueur le 25 septembre, a mis longtemps avant de devenir effective. Il faut rappeler que depuis 1998, la question est posée aux députés, lors des sessions d'automne, à l'occasion des discussions sur la loi de finances, et à chaque fois l'autorisation d'importer des voitures d'occasion est reconduite? pour un an. Cette année, le chef de l'Etat s'est lui-même positionné et a exprimé sa colère contre «une facilité à même d'encourager des trafics éventuels» de véhicules. Les raisons avancées pour prendre une telle décision sont le vieillissement du parc et le trafic pratiqué sur ce type de voitures. Certains vont jusqu'à affirmer que ces véhicules sont responsables de l'insécurité routière, mais cet argument ne tient pas la route puisque, globalement, les voitures importées sont en très bon état. Maintenant, la nécessité de renouveler le parc automobile s'impose avec acuité et il n'y a pas meilleure et plus rapide façon de le faire que de mettre sur le marché des véhicules neufs. Il faut savoir qu'à la fin 2003, on comptait en Algérie 1 775 263 véhicules de tourisme dont 85,79% avaient plus de 10 ans. Depuis les nouvelles immatriculations, enregistrées en 2004 et au premier semestre 2005, n'ont pas beaucoup fait évoluer cette proportion et, à court terme, cette interdiction ne changera pas cette donne, même si la part des véhicules neufs continue d'augmenter. D'autres observateurs suggèrent que les vraies raisons de la décision des autorités de ne plus autoriser l'importation des véhicules d'occasion sont ailleurs. Elles découleraient directement de l'exceptionnelle embellie financière que connaît le pays : près de 50 milliards de dollars de réserves de change et des prévisions de rentrées en devises évaluées à plus de 40 milliards de dollars pour l'année 2005. Il est vrai que cela est de nature à favoriser les importations d'une façon générale. En 2004, elles ont d'ailleurs augmenté de 17% comparativement à 2003. Dans le secteur automobile, plus de 195 000 véhicules, d'une valeur de près de 140 milliards de dinars (plus d'un milliard de dollars), ont été importés l'année dernière dont 125 000 par les concessionnaires. Les constructeurs sont encouragés à commercialiser localement leurs véhicules et la garantie de rapatriement en devises de leurs gains est assurée. D'un autre côté, il faut dire que la plus grande partie des importations des véhicules d'occasion est effectuée par les particuliers et que les devises, servant à payer les voitures importées, proviennent du marché parallèle. Dans ces conditions, excepté les droits de douanes perçus, le processus échappe à l'Etat. Alors que les véhicules d'occasion importés reviennent plus cher que les véhicules neufs des mêmes marques commercialisées en Algérie, il y a eu 70 000 véhicules d'occasion importés en 2004 pour près de 700 millions de dollars. Plus encore, la totalité de ces véhicules étant importée depuis l'Europe, et principalement de France, l'envolée de l'euro ces deux dernières années n'y a pas changé grand-chose. On impute cette absurdité économique au fait que les Algériens considèrent, à tort ou à raison, que les véhicules importés directement par les particuliers sont plus solides et plus fiables. Ceux commercialisés en Algérie, de marques européennes, provenant d'usines implantées en Turquie ou en Espagne, ne bénéficient pas toujours de la même confiance. Cela explique peut-être la baisse de 10,42% des ventes de véhicules de marques françaises durant le premier semestre 2005, alors que les ventes globales ont enregistré une hausse de 42,35%. Interdire l'importation des véhicules d'occasion ne doit donc pas déplaire aux concessionnaires des marques françaises? ni aux autres concessionnaires. Ils sont aujourd'hui au moins une vingtaine de constructeurs de plusieurs régions du monde à avoir des représentations en Algérie, et pour eux, une telle mesure ne peut être que la bienvenue. Et pour cause, durant le premier semestre 2005, ils ont commercialisé 67 420 véhicules neufs contre 47 361 pour la même période en 2004. Avec la généralisation du crédit automobile et des différentes promotions, les Algériens sont de plus en plus nombreux à acquérir des véhicules neufs payés en dinars. Qu'en serait-il en cas de retournement brutal des cours du pétrole ?