Résumé de la 4e partie n Une affaire de créances non recouvrées empoisonne, depuis plusieurs années, les relations entre la France et la Régence d?Alger? Le gouvernement français verse des acomptes aux deux négociants juifs, mais rien n?arrive à Alger. La République tombe et la monarchie est restaurée : le roi reconnaît la dette envers Bacri, mais lui aussi va tarder à l?honorer. Ce n?est qu?en 1819 que la France accepte de verser 7 millions de francs, la moitié de la somme due : on veut ainsi régler le contentieux qui existe avec la Régence et inaugurer une nouvelle ère de paix. En juillet 1920, une loi est même votée dans ce sens. Mais aussitôt la loi votée, l?argent est mis sous séquestre sous prétexte de «garantir des créanciers français sur des négociants algériens». Dans sa lettre qu?il a adressée le 29 octobre 1827 au ministre des Affaires étrangères français, le dey rappelle qu?il a accepté l?arrangement de 1919, bien que celui-ci ne lui octroie que sept millions, soit la moitié de la somme due. Plus grave, il révèle les manigances du consul général de France à Alger, Deval. Bacri, que le dey a fait arrêter, lui a révélé avoir promis à Deval et à son propre fondé de pouvoir, qui lui ont permis d?obtenir la somme, un pot de vin de deux millions. «Je prie Votre Excellence, conclut le dey, de faire restituer ces deux millions qui ont été mal gagnés car un consul ne doit pas être traître à son gouvernement !» En réalité, le consul Deval devait disposer de complicités que le dey ignorait. On soupçonne même le gouvernement français de chercher un prétexte pour rompre avec la Régence, voire monter une expédition contre elle pour ne pas avoir à verser les sommes dues. L?idée avait sans doute germé, dès cette époque, de s?emparer des «trésors» du dey ! En tout cas, il faut interpréter comme un acte d?hostilité la décision des Français d?imposer, à la mi-juin 1827, un blocus au port d?Alger. Le ministre de la Guerre, le marquis de Clermont-Tonnerre, va tout faire pour persuader le roi Charles X de monter une expédition contre la ville. Il va même s?efforcer, pour entraîner l?adhésion des monarchistes, de présenter l?affaire comme une croisade : ne s?agit-il pas de mettre fin, en Méditerranée, à la domination des Sarrasins, c?est-à-dire des musulmans, et de rétablir celle des chrétiens ? Il s?agit en quelque sorte de continuer ce que l?on a appelé «la croisade africaine» commencée au XVIe siècle par les Espagnols et contrariée justement par des villes comme Alger, place forte de la résistance maghrébine aux invasions européennes. Le 30 avril 1830 est veille de l?Aïd à Alger. Au palais du dey Hussein, comme ailleurs, on se prépare à la fête. Le consul de France, Pierre Deval, se présente, comme tant d?autres officiels, pour présenter ses v?ux. Le dey Hussein Pacha n?apprécie pas beaucoup le diplomate, mais en homme avisé et respectueux des usages, il accepte de le recevoir. Ce n?est donc pas avec plaisir que le dey va recevoir celui qu?il appelle le «consul intrigant». Ce jour-là, Deval n?est pas seulement un homme louche et intrigant, il est également arrogant. Le dey ne se doute pas qu?il va tout faire pour provoquer un incident diplomatique : Deval, acculé par ses manigances, a intérêt à provoquer une rupture entre la Régence et Paris. (à suivre...)