Le soir du 27 février, à Paris, un agent de faction arrête une luxueuse automobile qui n?a pas respecté le sens giratoire au carrefour des rues d?Amsterdam, Saint-Lazare et du Havre. Au moment où le policier s?apprête à verbaliser, les trois occupants du véhicule l?abattent. Puis le 29 février, le trio tragique descend un boulanger alors qu?ils tentaient de cambrioler un pavillon. Pour les illégalistes, traqués, affamés, sans secours, devant qui toutes les portes se ferment, la lutte terrible engagée contre la société ne peut que continuer jusqu?à l?issue fatale. Ils le savent : tous y resteront. Les illégalistes sont des bêtes fauves poursuivies par des chasseurs de plus en plus déterminés que la peur rend courageux. Leurs photos s?étalent dans les journaux. Les têtes sont mises à prix. Bonnot se devait d?organiser un coup de force inouï. Après avoir volé une voiture sur la route de Melun et avoir blessé gravement ses passagers, ils se dirigent vers Chantilly, direction la banque de la Société Générale. Garnier, Valet et Raymond-la-science entrent dans la banque revolver au poing. Soudy fait le guet à l?entrée. Le bilan est de deux morts et 50 000 francs. Deux cents inspecteurs de police se mettent en campagne. La banque offre une prime de cent mille francs à qui permettra la capture des bandits. Pendant toute une semaine, les quotidiens donnent la priorité à ce fait divers, avec des pages entières de photos où se retrouvent pêle-mêle les morts, les blessés et les témoins. André Soudy se fait arrêter à Berck-sur-mer le 30 mars, Raymond-la-science le 7 avril, Raymond Callemin se fait arrêter à son tour, rue de la Tour d?Auvergne, à Paris. «Vous faites une bonne affaire ! Ma tête vaut cent mille francs, chacune des vôtres sept centimes et demi. Oui, c?est le prix exact d?une balle de browning !» déclare-t-il aux policiers qui l?arrêtent. Le 24 avril un dénommé Simentoff (Antoine Monier) est arrêté, il a participé aux affaires de Montgeron et de Chantilly. Lors de son arrestation, il avait deux brownings chargés. Pendant ce temps, Bonnot loge dans un appartement à l?insu de son propriétaire. Ce même 24 avril 1912, Jouin, le sous-chef de la sécurité, repère Bonnot et tente de l?arrêter. Lors de la perquisition dans la boutique de l?anarchiste Gauzy, Bonnot, surpris, tue le sous-directeur de la Sûreté Jouin et blesse l?inspecteur principal, puis parvient à s?enfuir. Il est blessé au bras. (à suivre...)