Accusations n Beaucoup de malades affirment que des médecins leur proposent des cliniques privées bien précises. «J?étais hospitalisé à l?hôpital Zmirli pour une fracture du bassin, les médecins traitants, arguant le manque de moyens techniques au niveau de cet hôpital, m?ont orienté vers une clinique privée, qu'ils m'ont bien spécifiée. Quelle ne fut pas ma surprise quand j?ai découvert que le médecin qui me soignait dans ma chambre n?était autre que celui qui travaillait à l?hôpital Zmirli !», témoigne Ali S. Un coordinateur d?une clinique privée qui a requis l'anonymat, comme la plupart des personnes interrogées, affirme, pour sa part, qu? «effectivement beaucoup de médecins dans les cliniques privées travaillent en parallèle dans les grands hôpitaux». «Cela ne justifie pas le fait qu?ils suggèrent à leurs malades des cliniques bien précisément désignées», ajoute-t-il. Selon lui, cette pratique est «immorale», mais elle est très courante. «Normalement, le patient est libre d?aller là où il veut», explique-t-il. Une autre pratique, qui paraît aussi douteuse et que certains malades confirment et dénoncent, est le fait que des médecins prolongent inutilement les séjours des patients dans des cliniques privées. «Après une intervention au côlon, on m?a gardé durant une semaine et quand j?ai demandé à mon médecin si je pouvais sortir parce que je me sentais bien, il m?a suggéré de prolonger encore de quelques jours mon hospitalisation. C?est vrai que c?est lui le médecin, mais c?est moi qui paye chaque jour 6 000 DA !», s?indigne Mme H. A. Un spécialiste dans la même clinique affirme, quant à lui, que les malades sont libres de quitter l?hôpital dès qu?ils se sentent mieux. Mais c?est au cas par cas. «Si la situation d?un malade ou d?un opéré est jugée grave ou urgente, il est plus qu?obligatoire de le garder un peu plus longtemps», explique-t-il. Des malades rencontrés au CHU Mustapha-Pacha témoignent que le transfert vers les cliniques privées a pris des proportions alarmantes, ces derniers temps et, selon eux, les justificatifs sont toujours les mêmes : «Le scanner est en panne depuis longtemps !, on n'a plus de films radio !, la liste des rendez vous est complète vous risquez d?attendre encore longtemps !, les techniciens et les médecins sont en congé etc.» Ces malades n?arrivent pas à comprendre alors les raisons de l?existence de ces établissements hospitaliers censées les prendre en charge. Un médecin à l?hôpital de Baïnem explique que, normalement, l?accessibilité aux soins constitue le principe fondamental de la politique nationale en matière de santé et de population. «La protection et la promotion de la santé visent notamment la réduction des inégalités et exigent la mise en ?uvre d?une politique adaptée. La santé doit être élevée au rang de priorité dans le programme d?action du gouvernement», souligne-t-il.