Les erreurs médicales continuent à faire des victimes parmi les malades. A tel point que beaucoup de personnes hospitalisées redoutent de sortir de l'hôpital avec une pathologie de plus. Et si le malade intègre dès son hospitalisation les aléas des hôpitaux, il refuse cependant d'être victime d'une erreur de la médecine. Et ce n'est pas ce qui manque dans le monde des hôpitaux. En deux ans, le Conseil national de l'Ordre des médecins (CNOM) a reçu 200 plaintes formulées par les malades accusant les médecins d'avoir commis des erreurs médicales sur eux. Ce nombre a été divulgué hier par le président du CNOM, Mohamed Bekkat-Berkani, sur les ondes de la chaîne I. Conséquence : « plusieurs médecins ont été radiés après que des enquêtes aient prouvé qu'il y avait eu faute professionnelle », affirme le Dr. Beredjouane, représentant du ministère de la Santé en précisant que ces erreurs médicales sont souvent commises sur des femmes et lors des opérations chirurgicales des yeux. Mais l'avocate Nadia Mansouri a évoqué un problème crucial, celui de la justice. Selon elle, peu de victimes d'erreurs médicales ont eu gain de cause dans un procès. La raison ? La « partialité » de la commission composée de médecins et qui est chargée d'affirmer ou d'infirmer l'erreur. «Un médecin ne jettera jamais en pâture un de ses collègues», estime l'avocate qui estime que le Conseil de l'Ordre des médecins ne peut être impartial dans les affaires de justice tout suggérant l'installation d'une commission impartiale. « C'est la justice qui désigne la commission de médecins enquêteurs dans des affaires traitées par le pénal et non le ministère de la Santé ni même le Conseil de l'Ordre des médecins », a rétorqué le représentant du ministère à l'avocate. Mais celle-ci a persisté à dire que non seulement les victimes sont désapprouvées par la justice mais elles ne sont jamais prises en charge par des médecins qui refusent de reconnaître leurs erreurs médicales. «Les malades en général ne connaissent pas leurs droits et ce que prévoit la loi dans en cas d'une erreur de diagnostic », explique l'avocate qui évoque le cas d'un malade qui a perdu la vue à cause d'une erreur médicale au CHU de Beni Messous. Selon l'avocate, le médecin aurait utilisé un médicament qui n'est pas autorisé à être utilisé pour les soins des yeux. S'ensuit alors une polémique à propos de ce médicament dont M. Bekkat dit qu'il est autorisé dans le traitement des yeux en Europe et en Amérique mais pas encore en Algérie. Le président du Conseil précise qu'il défend le métier de la médecine et non les médecins et désapprouve la réaction de l'avocate qui, selon lui, fait d'un cas un procès national. « On est le seul corps qui reconnaisse l'erreur professionnelle », intervient encore le président du CNOM qui évoque le problème des médecins étrangers qui pratiquent la médecine en Algérie dans les cliniques privées et qui ne sont pas inscrits sur la liste des médecins. A ce sujet, il dira que le Conseil de l'Ordre a enregistré deux cas d'erreurs commises par des médecins étrangers. Le professeur Mustapha Khiati, président de la Forem, a estimé, lui, que le déficit en matière de formation des médecins contribue beaucoup dans les erreurs médicales.