M?barek D., agent de sécurité au sénat, se faisant passer pour un commandant de la SM, est à l'origine d'une grosse affaire de trafic du foncier. Une affaire scabreuse menée par le réseau qu'il a constitué et composé de 13 personnes et où deux personnes ont laissé la vie alors que des dizaines d'autres ont été escroquées. Il avait comme «outils» des cartes authentiques de sénateurs, des badges de journalistes, des diplômes d?avocats, une «vraie fausse» licence en journalisme, des décisions d?attribution de lots de terrains, six clés de Peugeot 406, un PA factice. Son identité : un faux commandant de la sécurité militaire et un vrai agent de sécurité au Sénat. A son actif : des millions de dinars amassés et une dizaine de personnes escroquées. Toute cette artillerie et ce diabolique profil ont permis à M?barek D., un homme réputé «sans histoires», la cinquantaine entamée, marié et père de trois enfants, de devenir, en très peu de temps, le cerveau d?un groupe de 13 personnes impliquées dans une grosse affaire de trafic du foncier dans la commune de Bordj el-Bahri. Et c'est au prix de huit longs mois d?investigation, que ce réseau a été démantelé il y a trois jours par la brigade de la répression du banditisme et du crime organisé. Hier après-midi lors d?un point de presse au siège de la Direction de la Police judiciaire à Ben Aknoun, Salah Derradji, capitaine adjoint chargé de la répression du banditisme, en a évoqué les sombres péripéties. Tout a commencé par un assassinat. Le 26 octobre 2004, le deuxième vice-président de la commune et un citoyen (vraisemblablement un témoin gênant), sont criblés de balles devant le siège de l?APC par une bande de cinq personnes, à bord d?une Golf TDI, année 2002. Un 9 mm et un fusil de chasse ont été les deux armes du crime. L?enquête, selon le capitaine Derradji, privilégie d?abord la piste terroriste. Cependant, cette piste est abandonnée à cause de deux détails : les décisions d?attribution de parcelles de terrains commencent à pleuvoir et un étranger, qui disait être un commandant de la SM, ne cessait de fréquenter le siège de l?APC. Ainsi, les enquêteurs se rendaient vite à l?évidence que derrière le double meurtre, se cachait une affaire d?arnaque à grande échelle M. D., originaire d?El-Tarf, usait de sa fausse identité pour entraîner avec lui dans la spirale des détournements, un grand nombre de personnes, de tous les niveaux et de tous les acabits. On y trouve pêle-mêle un P/APC, trois architectes, des élus de l?APC, des ingénieurs, des citoyens fortunés. Tous réunis autour d?un appât : le gain et tous ayant été persuadés d?être à la solde d?un sénateur très influent. Des centaines d?hectares, la plupart à vocation agricole, sont attribués illicitement, sont vendus et revendus à des personnes auxquelles on a extorqué de l?argent. A titre illustratif, le plus petit terrain est cédé à 200 millions, à deux ou trois reprises. A cet effet, un appel pressant est lancé aux personnes escroquées pour que les enquêteurs puissent avoir d?autres pièces du puzzle et compléter ainsi l?enquête. La logistique déployée par les malfaiteurs était si impressionnante que les enquêteurs, qui guettaient dans ses moindres gestes le principal accusé, redoutaient une grosse affaire au Sénat. Des sénateurs impliqués ? les enquêteurs sont catégoriques : au niveau de cette institution de l?Etat, M. D. agissait seul en professionnel profitant de sa fonction d?agent de sécurité au sein de cette institution pour accaparer des documents officiels qui lui serviront par la suite de documents de travail.