L'Office national de la répression du banditisme (ONRB) a eu à élucider l'affaire des assassins du deuxième vice-président de l'Apc de Bordj El Bahri et d'un citoyen, le 26 octobre 2004. La piste terroriste, privilégiée au début de l'instruction, a été vite abandonnée par les enquêteurs. Daradji Salah, commissaire principal et adjoint en chef à l'Office national de la répression du banditisme et du crime organisé, est revenu dans le détail, hier dans un point de presse, sur les dessous de cette affaire scabreuse qui a fait se liguer une dizaine de personnes travaillant pour la plupart à l'intérieur de ladite Apc. Selon l'officier, un problème de foncier serait à l'origine de ce règlement de comptes. La victime, tuée de quatre balles dans la tête, gênait, à l'entendre, beaucoup d'intérêts. Le conférencier rappellera que le vice-président s'est opposé à des décisions d'attribution de lots de terrain signées par le premier responsable de la commune. D'après M. Daradji, l'enquête qui a tenu en haleine ses services pendant quatre mois a permis de confondre, il y a quatre jours, treize personnes, dont une est toujours en fuite à l'étranger. Cinq individus ont ainsi participé au meurtre de l'élu et d'un citoyen - celui-ci s'est trouvé sur les lieux par un concours de circonstances. Le véhicule de marque Golf ayant servi de moyen de transport aux présumés assassins a, par la suite, été vendu à plusieurs reprises avant d'atterrir dans la wilaya de Biskra. Son propriétaire est toujours en fuite. L'enquête poussée a montré que des accointances entre le maire de Bordj El Bahri et des individus d'horizons différents, attirés par l'appât du gain, se sont constituées. Selon les dires de l'officier, une Apc « fantoche » a vu le jour dans ces lieux, s'occupant de transactions malsaines. Toujours selon M. Daradji, des terrains agricoles ont été versés illégalement dans le patrimoine de l'Apc, et cela du temps même de l'Exécutif communal précédent. Avec l'approbation du président de l'Apc et la connivence d'un architecte, trois à quatre décisions d'attribution ont été confectionnées. « Une commission rogatoire est de mise », insistera M. Daradji. Les services de l'ONRB ont mis, en outre, la main sur une somme de 160 millions de centimes. Un blanchiment d'argent n'est pas écarté par les enquêteurs dans ce cas. Répondant aux initiales de M. D., l'un des malfrats, à en croire les révélations données par l'officier, s'est fait passer pour un commandant du DRS. Il utilisait une arme factice pour duper ses victimes. Filé depuis des semaines, le présumé coupable a été arrêté en possession de documents officiels qui n'ont pas manqué d'intriguer les enquêteurs : cartes professionnelles de sénateurs qui ne sont, insiste l'officier, ni scannées ni falsifiées. En plus, il y est utilisé le cachet du responsable de l'administration générale. Les badges des journalistes accrédités dans l'enceinte de la Chambre haute ne sont pas en reste. L'homme d'une cinquantaine d'années s'est même permis d'en subtiliser un et d'y apposer sa photo. La carte est celle d'un journaliste connu sur la place d'Alger, Amar Bekhouche en l'occurrence. L'individu, qui travaillait par ailleurs comme agent de sécurité au Sénat, s'en est confectionné une. Des clefs de 406 étaient aussi du lot. De même, des cartes d'étudiant en Capa (droit) et même des diplômes d'étudiants capistes portant la griffe de la Faculté de droit de Ben Aknoun ont été aussi récupérés. Selon le policier, l'investigation suit toujours son cours pour déterminer d'éventuelles complicités à l'intérieur de la faculté. Les interpellés, pour finir, seront présentés demain au parquet de la cour de justice, sise à Abane Ramdane. Nadir Iddir , Zohir Bouzid