A Chebli, et plus précisément à El-Qarya, une localité déchirée par des années de terrorisme et de peur, la réconciliation nationale est différemment appréhendée par les uns et les autres. D'une manière globale, et hormis les familles de disparus, les habitants se disent pour ce projet qui, espèrent-ils, va leur ouvrir les portes de la paix et de la stabilité. Toutefois, des jeunes ne peuvent s'empêcher de s'interroger : «Quelle réconciliation propose-t-on à des Algériens vivant comme des chiens ?» Dans la localité dite «Cité rurale», située à 30 km d?Alger, non loin du chef-lieu de la commune de Chebli, la réconciliation nationale n?a visiblement pas droit de cité. Aucune affiche, aucune visite des officiels ou des autorités locales pour faire la promotion du projet de charte. La population de ce village est si pauvre que la politique est le dernier de ses soucis. «La réconciliation nationale est l?affaire des autres, pas la nôtre. Ils se réconcilient entre eux. Nous n?existons pas pour les autorités. Nous sommes un ??mouhtached?? (camp de concentration) et un ??village sous autorité coloniale??, c?est du moins ainsi que nous ont qualifiés les autorités locales», déclare un jeune de la cité. Pourtant, cette localité appelée communément El-Qarya a énormément souffert du terrorisme. Dans une même famille se côtoyaient difficilement un fils terroriste et un père patriote. Pendant plus de dix ans, assassinats, éliminations et disparitions ont été le quotidien d?une population livrée à elle-même. Aujourd?hui, chômage, misère et mal vie sont encore son lot quotidien. Interrogés sur la réconciliation nationale, les habitants donnent des avis mitigés. Ici, «80 % de la population sont illettrés», a affirmé une des animatrices de l?association Iqra. Donc, le texte de la charte n?est pas connu. Dans cette cité, les gens, même les adeptes de la paix et de la réconciliation, avouent être blasés par le discours politique.