Scepticisme n De la réconciliation nationale, les jeunes d?El-Qarya disent : «Ils se réconcilient entre eux. A nous, que nous rapporterait-elle?» Il est près de 13 h, les enfants vont à l?école et les jeunes occupent un coin de la rue, à l?entrée de la cité. Ils étaient trois, puis cinq, puis dix et au fur à mesure le cercle de jeunes et de moins jeunes grossissait. Au début, les premiers n?étaient pas très bavards. De quoi ont-ils peur ? L?un d?eux parle alors de la garde communale qui viendrait après notre passage leur rendre visite. Un sentiment partagé par l?ensemble des résidents de cette cité. Il faut dire que la garde communale est la seule autorité locale présente dans ce lieu. Un jeune dit à ce propos avoir été choqué par les propos tenus par le président de l?APC de Chebli, qui lui a signifié que «la cité est encore sous tutelle coloniale». Cet habitant dit avoir été surpris de constater que «El-Qarya ne figure pas sur la carte géographique de la commune». Pis encore, le chef de daïra de Bouinan, lui aurait déclaré que «la cité est un ??mouhtached?? (camp de concentration)». C?est dans sa quête, pour retrouver dans les archives de l?APC des traces sur les titres de propriété de chaque habitant, afin de pouvoir démolir les actuelles habitations et en construire de nouvelles, que ce citoyen a entendu ces propos. Son voisin et ami s?interroge : «Sommes- nous des Algériens ? Aux dires des autorités locales, non, donc pourquoi irons-nous voter ? On ne nous connaît que lors des élections ? Quelle est cette logique ?» A propos de la réconciliation nationale, ces jeunes disent : «Nous n?irons pas voter car ils se réconcilient entre eux (les politiques). Nous, cela ne nous apportera rien. Pas de travail, pas de logement, pas d?infrastructures d?accueil, aucune formation et même les plus chanceux d?entre nous, qui ont pu décrocher un diplôme universitaire, traînent sans débouchés ni avenir. Ils vivent dans de piètres conditions.» Son autre voisin ironise : «El moussalaha bidoun maslaha» (La réconciliation n?a aucun intérêt). Il faut voir notre cité, en hiver, l?eau envahit l?ensemble des logements où s'entasse une douzaine de personnes si ce n?est plus. La route est boueuse. Les pauvres écoliers ne peuvent rejoindre l?unique école que si nous les portons pour traverser la chaussée inondée et ainsi leur éviter de se salir».