Miriam Makeba, légende de la chanson sud-africaine, a charmé et ému un public conquis d'avance, hier soir, au Nelson-Mandela-Theatre, à Johannesburg, sa ville natale et point de départ, comme il se devait, de la dernière tournée mondiale de Mama Africa. A 73 ans, pour la première fois dans son propre pays, Makeba chantait en soliste d'un grand ensemble. Et c'est par une ovation debout que le public, venu de tous les horizons de la société sud-africaine, a salué son entrée en scène, lui faisant monter les larmes aux yeux. «Je dois aller autour du monde pour dire merci et adieu (...) Puis je veux que mes cendres soient dispersées dans l'océan Indien. Ainsi je pourrai naviguer à nouveau vers tous ces pays», a-t-elle lancé. Sur scène, pieds nus dans sa longue robe orange perlée, elle chantera une dernière fois a capella : «Laissez-moi partir vers cette terre précieuse. Ne voyez vous pas que je pleure. Pour la première fois, je suis libre.» Née le 4 mars 1932, Makeba a payé de 31 ans d'exil son engagement contre l'apartheid qu'elle a dénoncé jusque devant l'ONU, ce qui lui vaudra de voir aussi ses chansons bannies de son pays. Depuis 1959, elle ne foulera plus le sol de sa terre natale qu'après la libération de Nelson Mandela en 1990, avec un court visa de six jours. Elle confiera, enfin : «Je veux me retirer, mais (...) je me dois d'aller dire adieu dans tous les pays où j'ai été et cela devrait peut-être prendre jusqu'à la fin de l'année prochaine.» Miriam Makeba revendique n'avoir «jamais chanté la politique, seulement la vérité». Elle s?adressera à son public : «Nous voulons tous la même chose : une vie décente, la paix et l'amour.»