Paradoxe n D'un côté, une campagne de sensibilisation est menée, surtout dans le milieu scolaire, d?un autre, aucune lunette spéciale n?a été importée ! Plus de 35 000 placards ont été réalisés et distribués dans les 48 wilayas. «Ils seront affichés spécialement au niveau des établissements scolaires pour attirer l?attention des élèves sur le risque de regarder directement le soleil durant l?éclipse», souligne une responsable au service de la communication du ministère de la Santé. Si ces affiches sont bien conçues et simples à lire par les enfants (une simulation d?éclipse devant un ?il humain avec une croix rouge pour signifier l?interdiction de regarder dans la direction du soleil), elles portent cependant une flagrante contradiction. On peut y lire «Eclipse solaire = danger de cécité», juste au-dessous, on retrouve la phrase suivante : «Ne regardez pas sans protection spéciale». Or «s?il faut se protéger pour regarder une éclipse, c'est qu?elle est dangereuse et si elle est dangereuse, c?est qu?il vaut mieux ne pas la regarder. Mais comme la curiosité est instinctive chez l?homme, surtout chez l?enfant, beaucoup de sujets seront tentés par le plaisir de regarder cet événement, alors le danger serait certainement au rendez-vous. En outre, sur l?affiche, on conseille aux gens de ne regarder qu?avec une protection spéciale, c?est-à-dire des lunettes spéciales qui sont malheureusement introuvables sur le marché», explique un directeur d?établissent scolaire à Alger. A la question justement de savoir pourquoi ces lunettes, qui ne coûtent pourtant que l'équivalent de 10 DA, n'ont pas été importées, Mlle Laïdi, responsable au service de la communication du ministère de la Santé, répond : «Nous avons laissé l?initiative aux opérateurs économiques. Notre rôle se situe seulement au niveau de la sensibilisation et de l?information.» L'on s'interroge quand même s?il n?était pas préférable d?acheter des lunettes de protection plutôt que de dépenser des milliards de centimes dans la confection d?affiches et de spots de radio et de télévision, pour expliquer un phénomène déjà banalisé par les médias un peu partout dans le monde. Une interrogation que nous aurions voulu soumettre à la directrice de la prévention au ministère de la Santé, Mme Fouzia Belatèche si elle n'avait pas tout bonnement refusé de répondre à nos questions.