Résumé de la 6e partie n L'éfrita Maïmouna découvrit Kamaralzamân endormi, lors de sa virée nocturne quotidienne. Stupéfaite devant sa beauté, elle se mit à le contempler. Et Maïmouna cessa de respirer pendant une heure de temps, de crainte de le réveiller avant d'avoir pu admirer à son aise toutes les délicatesses dont le prince Kamaralzamân était pétri. Car en vérité, le charme qui se dégageait de lui, la rougeur délicate de ses joues, la tiédeur de ses paupières aux cils pleins d'ombre pâle et allongés, la courbe adorable de ses sourcils, tout cela, y compris l'odeur enivrante de sa peau et les reflets si doux de son corps, ne devait-il point émouvoir la gentille Maïmouna qui, de sa vie entière d'excursions à travers la terre habitable, n'avait vu pareille beauté ?... Or, vraiment c'était bien à lui que pouvait s'appliquer ce cri du poète : «Au toucher de mes lèvres je vis noircir ses prunelles qui sont ma folie et rougir ses joues qui sont toute mon âme. «Et je m'écriai : O mon c?ur, dis à ceux qui osent blâmer ta passion : O censeurs, montrez-moi un objet aussi beau que mon bien-aimé !» Donc, lorsque l'éfrita Maïmouna, fille de l'éfrit Domriatt, se fut bien rempli les yeux de ce spectacle merveilleux, elle loua Allah en s'écriant : «Béni soit Le Créateur qui modèle la perfection !» Puis elle pensa : «Comment le père et la mère de cet adolescent peuvent-ils ainsi se séparer de lui pour l'enfermer seul dans cette tour en ruines ? Ne craignent-ils donc pas les maléfices des mauvais génies de ma race qui habitent les décombres et les endroits déserts ? Mais, par Allah ! s'ils ne se soucient pas de leur enfant, je jure, moi, Maïmouna, de le prendre sous ma protection et de le défendre contre tout éfrit qui, attiré par ses charmes, voudrait en abuser !» Puis elle se pencha sur Kamaralzamân et, bien délicatement, elle le baisa sur les lèvres, sur les paupières et sur chaque joue, ramena sur lui la couverture sans le réveiller, étendit ses ailes et s'envola par la haute fenêtre vers le ciel. Or, comme elle était arrivée dans la moyenne région pour y prendre le frais et qu'elle y planait, tranquille, en pensant au jeune homme endormi, elle entendit soudain, non loin de là, un bruit d'ailes, par battements précipités, qui la fit se tourner de ce côté. Et elle reconnut que l'auteur de ce bruit était l'éfrit Dahnasch, un génie de la mauvaise espèce, l'un des rebelles qui ne croient point et ne reconnaissent pas la suprématie de Soleimân ben-Daoûd. Et ce Dahnasch était fils de Schamhourasch, lequel était, parmi les éfrits, le plus rapide dans les courses aériennes. Quand Maïmouna eut aperçu ce mauvais Dahnasch, elle craignit beaucoup que le coquin ne vît la lumière de la tour et n'allât perpétrer qui sait quoi là-bas ! Aussi elle fondit sur lui d'un élan semblable à celui de l'épervier et allait l'atteindre et l'abîmer quand Dahnasch lui fit signe qu'il se rendait à discrétion et lui dit, en tremblant de peur : «O puissante Maïmouna, fille du roi des génies, je t'adjure par le Nom Auguste et par le talisman sacré du sceau de Soleimân de ne point user de ton pouvoir pour me nuire ! Et de mon côté je te promets de ne rien faire de répréhensible !» (à suivre...)