Au Maroc Affluence n Pour la première soirée du ramadan, Amina Belhaj, accompagnée de son fils de 12 ans, a participé à la prière en plein air, faute de place à l'intérieur de la mosquée Mouline, au centre de Rabat. Ce lieu de culte que domine la voix de l'imam amplifiée par un haut-parleur tranche avec la terrasse déserte du cinéma Royal qui fait face à la mosquée et propose un film indien. «Le ramadan est une occasion en or qu'il faut saisir», explique cette fonctionnaire de 40 ans qui avoue ne se rendre à la mosquée que durant le mois de jeûne. Elle affirme vouloir se rapprocher de Dieu et prier «en toute sérénité». «J'en sors plus calme et plus reposée», dit-elle. A 200 mètres de là, devant la mosquée Moulay-Slimane, Haja Zahra, la cinquantaine, assure confier la cuisine à sa fille aînée pour aller prier. «Cela me libère et j'oublie mes nombreux problèmes», dit-elle. Un jeune cadre, accompagné de son épouse, note que les femmes sont effectivement plus nombreuses à la mosquée. «Encore faut-il que leurs maris les y encouragent car beaucoup d'entre elles préfèrent rester vissées devant leur poste de télévision car les chaînes rivalisent pour offrir des programmes alléchants durant cette période», lance-t il. Ces propos ne sont pas du goût de sa femme : «Maintenant, moi, je vais rejoindre mes fourneaux, alors que toi tu vas t'installer tranquillement pour lire ton journal.» Le directeur des mosquées au ministère des Affaires islamiques indique que son département a aménagé «des espaces supplémentaires» dans de nombreuses mosquées pour accueillir les femmes pendant le ramadan. «Nous nous préparons à l'avance», dit Abdelaziz Eddarouich. «Nous restaurons les mosquées et établissons un programme de cours religieux dispensés, tant pour les hommes que pour les femmes, avant la prière d'el-îcha, dans les 33 000 mosquées du royaume.» «La piété qui se développe pendant ce mois est accompagnée de grands changements dans le mode vie des Marocains», note ce responsable. «Même en dehors de ce mois, les femmes marocaines sont de plus en plus nombreuses dans les mosquées, un phénomène encouragé par les islamistes», estime Mohamed Darif, universitaire spécialiste de l'islamisme. Selon lui, «les femmes sont la cible principale des formations islamistes qui les considèrent comme le vecteur essentiel dans la reproduction des valeurs islamiques. D'ailleurs, elles sont également très présentes et visibles dans les manifestations politiques des islamistes», ajoute-t-il.