Résumé de la 13e partie n N'arrivant décidément pas à s?entendre, Maïmouna et Dahnash décidèrent de recourir à l?arbitrage d?un tiers, en l?occurrence l?éfrit Kaschkasch. Et Kaschkasch dit : «Ce sera peut-être un peu extraordinaire !» Elle répondit : «Chante tout de même, pourvu que les vers soient justes et courts !» Alors Kaschkasch chanta ces vers obscurs et compliqués : «Adolescent, tu me rappelles qu'à se vouer à l'amour unique les soins et les soucis étoufferaient la ferveur ! Sois prudent, ô mon c?ur !» Alors Maïmouna dit : «Je ne veux point chercher à comprendre. Mais dis-nous vite le moyen de savoir qui a la vérité de son côté !» Et l'éfrit Kaschkasch dit : «Mon avis est que l'unique moyen à employer, c'est de les réveiller l'un après l'autre, pendant que nous trois nous resterons invisibles ; et vous conviendrez que celui des deux qui témoignera un amour plus ardent à l'autre et manifestera plus de passion dans ses gestes et dans son attitude sera certainement le moins doué de beauté, puisqu'il se sera ainsi lui-même reconnu subjugué par les charmes de son compagnon !» A ces paroles de l'éfrit Kaschkasch, Maïmouna s'écria : «Ô, l'idée admirable !» Et Dahnasch également s'exclama : «C'est tout à fait très bien !» Et aussitôt il se changea de nouveau en puce, mais cette fois pour aller piquer au cou le beau Kamaralzamân. A cette piqûre, qui fut de première force, Kamaralzamân se réveilla en sursaut et porta vivement la main à l'endroit piqué ; mais il ne put rien attraper car le rapide Dahnasch, qui s'était ainsi un peu vengé sur la peau de l'adolescent de tous les affronts de Maïmouna, qu'il avait essuyés en silence, eut tôt fait de reprendre sa forme d'éfrit invisible pour être témoin de ce qui allait se passer. Or, vraiment ce qui se passa est bien remarquable. En effet, Kamaralzamân, encore somnolent, laissa retomber la main qui n'avait pas atteint la puce et cette main alla justement toucher la jeune fille. A cette sensation, le jeune homme ouvrit les yeux, mais les referma aussitôt d'éblouissement et d'émotion. Et il sentit contre lui ce corps parfumé de musc. Aussi sa surprise fut extrême, mais non dénuée d'agrément, et il finit par lever la tête et considérer l'incomparable beauté de celle qui dormait, inconnue, à ses côtés. Il s'appuya donc du coude sur les coussins et, oubliant en un instant l'aversion qu'il avait jusque-là éprouvée pour les femmes, il se mit à détailler avec des yeux charmés les perfections de la jeune fille. Il la compara d'abord, en son âme, à une belle citadelle surmontée d'une coupole, puis à une perle, puis à la rose : car il ne pouvait du premier coup faire des comparaisons bien justes, vu qu'il s'était toujours refusé à regarder les femmes et qu'il était fort ignorant de leurs grâces. Mais il ne tarda pas à remarquer que sa dernière comparaison était la plus juste et l'avant-dernière la plus vraie ; quant à la première, il en sourit bien vite. Donc Kamaralzamân se pencha sur la rose et sentit que son parfum était délicieux. Or, cela lui fut si agréable qu'il se dit : «Si je la touchais pour voir !» Et il s?écria : «Tout arrive avec la volonté d?Allah !» (à suivre...)