Résumé de la 1re partie n Né au début du XVe siècle, il est promis à devenir un grand seigneur, riche et puissant. L?enfant n?a que onze ans quand son père est tué au cours d?une partie de chasse. Sa mère se serait remariée, au grand scandale de l?enfant, qui aurait alors conçu de l?aversion pour les femmes. Marie de Craon meurt à son tour. L?enfant est d?abord pris en charge par un de ses cousins, assisté de deux conseillers, mais son grand-père maternel, Jean de Craon, finit par s?imposer comme le seul tuteur. Il va gérer son immense fortune et se charger de son éducation. Le grand-père est un homme avare, mais il ne refuse rien à son petit-fils. En fait, celui-ci n?est pas seulement le seul héritier de Guy de Rais, mais il est aussi son seul héritier depuis que son fils unique a été tué à la guerre. Il lui passe tous ses caprices, y compris celui de renvoyer ses précepteurs, qui l?ennuient. «Après tout, dit le grand-père, un seigneur n?est pas fait pour parler le latin mais pour commander aux hommes !» Pour cela, il l?initie au maniement des armes et à la chasse. Gilles se montre avide de sang et très cruel avec les animaux, qu?il prend plaisir à faire souffrir. Il n?épargne pas non plus ses petits camarades de jeu, les jeunes paysans ou les enfants des domestiques, qu?il rudoie. Ses biographes rapportent qu?un jour, alors qu?il était en train de jouer avec un groupe d?enfants de son âge, il jette à terre l?un d?eux. L?enfant se relève et refuse de continuer un jeu où Gilles est toujours le vainqueur. «Je veux rentrer chez moi, dit-il. ? Non, tu dois continuer à jouer avec moi ! ? A quoi bon jouer à un jeu où tu es le seul à gagner ! ? C?est normal que je gagne, répond Gilles, je suis le maître ! Une dernière fois, je t?ordonne de jouer avec moi ! ? Je refuse», s?entête l?enfant. Alors sans hésiter, Gilles dégaine un poignard qu?il porte à la ceinture et frappe son compagnon de jeu à la poitrine. Le jeune garçon s?écroule en poussant un cri. Les autres enfants, effrayés, s?éloignent. Le grand-père de Gilles, qui a suivi toute la scène, s?approche. «Il ne voulait pas jouer avec moi», dit Gilles comme pour se justifier Mais le grand-père ne lui demande pas de se justifier. Il regarde le petit cadavre et se retourne vers son petit-fils : «Tu l?as tué d?un coup, toi, tu es fait pour la guerre !» Il ordonne ensuite aux domestiques d?emporter le corps. On dira aux parents de la petite victime qu?il s?agit d?un accident et quelques pièces d?or étoufferont en eux toute velléité de protestation. Quant à Gilles, il vient de commencer, à onze ans, sa carrière de criminel. Son grand-père, non seulement ne lui fait aucun reproche, mais encourage son agressivité. «Ne te laisse jamais faire, lui dit-il, ne laisse pas tes adversaires prendre le pas !» Le jeune garçon l?écoute et lui obéit. Il va même au-delà de ses espérances en se montrant d?une grande cruauté envers les animaux, qui lui servent en quelque sorte de cobayes. Il élève des chiens qu?il affame puis jette contre des bêtes tremblantes. Il se repaît du spectacle des animaux déchirés par les crocs acérés et lui-même s?amuse à torturer les bêtes. (à suivre...)