Résumé de la 1re partie n Ralph Berger ne croit pas à la superstition. Il se marie avec Ellen Gerland, deux fois veuve à 28 ans. Deux ans se sont écoulés, Ellen devient de plus en plus capricieuse et Ralph veut mettre un terme à ce comportement. Pourtant, ce 15 avril 1972, lorsqu'il rentre à la maison, il la trouve dans un complet abattement. Assise sur le canapé. Elle se tamponne les yeux avec son mouchoir. Son maquillage est défait, son visage blême. Ralph se précipite : «Ma chérie, qu'arrive-t-il ?» Ellen reste muette, reniflant bruyamment. «Que se passe-t-il ? Parle ! Je t'en supplie ! ? Je n'en peux plus, Ralph. ? Mais pourquoi ? ? Je ne peux pas te le dire. C'est trop grave. ? Ellen !» Ellen Berger se lève du canapé. «Non, Ralph, n'insiste pas. J'ai eu tort de me laisser aller. Promets-moi d'oublier tout cela.» Au contraire, Ralph insiste tant et plus et Ellen finit par céder. Elle a un petit mouvement de tête triste pour désigner l'un des murs. «Tu te souviens du tableau abstrait qui était là ? ? Oui. Pourquoi? ? Je t'ai dit que je l'avais vendu parce qu'il ne me plaisait plus. C'est faux. ? Je ne comprends pas. ? Et le vase Ming sur la table chinoise : je t'ai dit que je l'avais cassé. C'est faux aussi. ? Ellen, explique-toi...» Sans répondre, Ellen Berger s'approche de son mari et lui montre sa main droite : «Regarde... Tu ne remarques rien ? ? Ta bague ! ? Oui. La bague en rubis qui me venait de ma mère et à laquelle je tenais plus que tout, je l'ai vendue... Comme le tableau abstrait, comme le vase Ming. Parce que j'avais besoin d'argent !» Désespérée, Ellen Berger s'effondre de nouveau sur le canapé et se remet à sangloter. «De l'argent ? Mais nous en avons... ? Pas assez, Ralph. Pas assez pour un maître chanteur !» La gorge nouée, Ralph Berger s'assied à côté de sa femme. Il a compris. «C'est... à propos de ton second mari, celui qui s'est suicidé ?» La jeune femme redresse la tête. Elle a, malgré sa détresse, un air farouche : «Non. Pas lui. Il s'est bien suicidé. C'est le premier que j'ai tué !» Ralph Berger a un mouvement de recul. Il considère sa femme comme s'il la voyait pour la première fois. «Tu m'avais dit qu'il était malade, diabétique. ? C'est la vérité. Il était même gravement diabétique. C'est pour cela que personne ne s'est méfié. J'ai remplacé sa dose d'insuline par du glucose...» Ralph est incapable de dire quoi que ce soit. Ellen parle d'une voix précipitée : «Je sais que je suis un monstre. Mais ne me juge pas trop vite. Lui aussi était un monstre. Dès le lendemain de notre mariage, il s'est métamorphosé. Il est devenu méchant, brutal et surtout jaloux... Mais jaloux comme tu n'en as pas idée ! Plusieurs fois, il a fait irruption chez mes clients en me traitant de tous les noms. A la fin, j'ai dû cesser de travailler. Il avait engagé un détective privé qui ne me quittait pas d'une semelle. C'était l'enfer !» Ralph l'interrompt froidement : «Il fallait divorcer ! ? Je n'en ai pas eu le temps. Un soir, il m'a menacée avec un rasoir. Il m'en a même donné un coup. J'ai compris qu'il allait me tuer. Alors, j'ai agi la première. J'étais terrorisée ! ? Et l'autre ? Tu l'as tué aussi parce qu'il te terrorisait ? ? Non. Il s'est vraiment suicidé, je te le jure. Il était déjà mon soupirant avant mon mariage. A mon veuvage, il est revenu vers moi. C?était un très gentil garçon, trop même : hypersensible, hypernerveux. Une fois que nous avons été mariés, j'ai préféré tout lui dire. Mon secret était trop lourd à porter... J'ai eu tort. Il ne l'a pas supporté. Il s'est imaginé que j'avais tué pour lui et il s'est suicidé.» Il y a un long silence... Ralph reprend : «Et... le chantage ?» Le visage d'Ellen reflète le plus total désarroi. (à suivre...)