Habitude n Dès les premières heures de la soirée, les jeunes envahissent les salons de thé et les terrasses de café à la recherche des premières sensations d?un café presse digne de ce nom. A partir de 20 h, les salons et les cafés terrasses affichent déjà complet. Du monde et encore du monde, ça klaxonne de partout, ça fume, ça crie, ça gesticule. Impossible de rester calme devant tant de bruit. Pourtant, les gens semblent heureux. De l?intérieur des salons proviennent toutes sortes de bruits : des éclats de rire francs de filles, des paroles entremêlées, impossibles à distinguer. Entre la Fac d?Alger, située au début de la rue Didouche-Mourad et le Sacré-C?ur, il existe plusieurs salons de thé très fréquentés en ces soirées ramadanesques. A côté du parc de Galland trône le café Hanibèche, point de repère des amoureux du vrai café-presse. «Prendre un café chez Hanibèche est un rituel», dira Mustapha, un marin, qui a fait plusieurs fois le tour du monde. Cette année, il vient passer le ramadan avec sa famille, «Certes ce n?est pas l?ambiance d?avant, mais tout de même, il y a une ambiance bon enfant, les gens sont souriants et c?est tant mieux.» Comme un poisson dans l?eau, Mustapha raconte les aventures du bout du monde devant un auditoire subjugué. Pour le gérant d?un café situé à Didouche «Il y une bonne ambiance, aucun mot déplacé, les gens sont détendus». «La terrasse est pleine jusqu?à 23 h 30 m. La plupart sont des clients», précise-t-il. A table, un client, la cigarette collée aux lèvres, les yeux à la recherche de leur orbite, proteste contre la qualité du café : «Je veux du vrai café», le garçon de salle esquisse un sourire. Le client devient dès cet instant le centre d?intérêt des autres à la recherche de la moindre distraction. Du côté du square Port-Saïd, le Tanton-Café reste un endroit accueillant malgré le délabrement apparent. Il est «toujours plein, «la terrasse est accueillante», disent les gens. «Ici c?est le lieu de rencontre du voyageur, de l?artiste, ceux qui veulent se reposer» explique un employé. En face, le café Terminus est bondé de clients. Tout le monde parle en même temps, quelques-uns le portable collé à l?oreille. La plupart de ces gens mangent dans les restos du c?ur, ils vivent au jour le jour. Voleur, petit vendeur, ouvrier, chômeur, ils se côtoient normalement, humainement en ce mois de tolérance. Il semble que beaucoup de voleurs lèvent le pied à cette occasion. Mais la mascotte des salons de thé cette année est le Club 54, situé à la place Audin. Le confort, la propreté et les tarifs, l?ont hissé parmi les établissements recherchés par une clientèle de plus en plus exigeante.