Ingratitude Dans la nuit du 9 au 10 juin 2003, dans la Zone industrielle de Réghaïa (Alger), un fourgon plein de caisses de cannettes de bière quitte l?usine par la grande porte. Maître Mahmoud Bouzida, le défenseur de Amar K., inculpé de complicité de vol (article 350 du Code pénal) se faisait beaucoup de soucis sur les us et coutumes du tribunal de Rouiba (cour de Boumerdès) où il n?a pas mis les pieds depuis plus de dix ans. Ayant vaguement entendu parler d?une juge rigoureuse mais intègre, l?avocat avait une idée en tête : disculper son client, chef de brigade des gardiens de l?usine, dénoncé par Soufiène M., l?auteur du méfait. En effet, tard dans la nuit, Bahlouli, un des quatre gardiens, appela Soufiène sur son portable. Soufiène s?agrippa au volant d?une petite voiture et rejoignit son copain qui se trouvait sur le chariot-élévateur en train de charger des caisses de bière dans un fourgon qui, une fois plein, quitta l?usine par le portail principal. Malheureusement pour l?employé ingrat et indélicat, une V.R. passait dans les parages. Vérifications, questions, intérêt soutenu des policiers autour du fourgon, Soufiène crache le morceau et «donne» Amar K. comme étant complice. Me Lamouri assiste Soufiène, tout un programme. La machine infernale de la justice est lancée, l?interpellation, puis les auditions et confrontations, l?inculpation, la détention préventive et la comparution devant Yamina Guerfi, connue pour être une juge pas complaisante du tout ni encore moins une distributrice de peines de prison ferme. Elle appelle les détenus, les inculpés en liberté provisoire, les victimes, la partie civile, les témoins. Il est onze heures trente-huit. A la barre, il y a peu de monde. Beaucoup d?absents, y compris la partie civile dont la présence est capitale pour la bonne marche des débats. Mme Guerfi ne veut pas se faire des cheveux blancs ni en avoir plus qu?elle n?en a. Elle décide le renvoi sous quinzaine. Les avocats se plient. Leurs clients font la moue. Quinze jours de plus en taule, ce n?est jamais gai. Les demandes de liberté provisoire sont effectuées. La juge est souveraine. M. Mihoubi, le procureur, s?y oppose fermement. Il ne fait que son boulot car il représente l?application de l?opportunité des poursuites. Rendez-vous sous peu car ce procès va devoir découvrir les points faibles de la gestion des biens et des personnes, car le fléau fait des ravages et les voleurs ne diront jamais non à la tentation du gain facile.