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Abderrahman Aïdoud
L?être tourmenté
Publié dans Info Soir le 21 - 11 - 2005

Expression n «Entre Ombre et Lumière» est l?intitulé de l?ensemble des tableaux (gravures) exposés, jusqu?à la fin du mois de novembre, à l?hôtel El-Aurassi.
Si d?ordinaire les peintres plongent leur pinceau dans le soleil et par conséquent dans la lumière pour engendrer de belles ?uvres, colorées et chargées d?impressions, Abderrahman Aïdoud, l?auteur des gravures, plonge, lui, ses pinceaux, ses burins ainsi que ses ciseaux, en somme tous ses instruments de travail, dans des couleurs ombreuses, opaques, voire funèbres, celles des ténèbres et du néant, afin d?exprimer un monde plongé dans le chaos et la désolation.
Ainsi, et à travers ses gravures qui sont réalisées en noir, dominant, et en blanc, l?artiste se montre d?un tempérament soucieux, amer et sinistre.
Chaos urbain est un témoignage de ce monde qui ne cesse, par anarchie et désespoir, de sombrer dans l?angoisse et l?incertitude.
La gravure, représentée quasiment tout en noir, avec seulement quelques apparitions en blanc, montre une scène qui reflète cette détresse et cette confusion, les deux engendrées par la folie des hommes.
Songe est une autre gravure qui traduit toute cette anxiété et ce trouble intérieur : trois personnages, anonymes, y figurent.
Sans visages ni apparences physiques, il semble sortir de l?au-delà, d?un songe agité et flou, un cauchemar.
Surgissant dans la nuit tels des fantômes, des âmes égarées en quête de salut, semblent être à jamais captives d?un sort tragique, malin, donc condamnés à errer jusqu?au jour du Jugement dernier.
Cette vision hallucinante et terrifiante apparaît comme une obsession, une hantise nocturne.
Au-delà du vide, se dévoile de plus en plus une profonde anxiété chez l?artiste, puisqu?il n'y existe que des abysses sombres et froids. C?est-à-dire le néant.
Toutefois, et dans toute cette tourmente et ce désordre intérieur, il peut exister une lueur d?espoir, un rétablissement de l?équilibre et de l?harmonie.
Dans ce jeu d?ombre et de lumière, voire cette lutte incessante entre l?esprit et la matière, se révèlent en effet des signes de changements.
Naissance révèle cette attente, voire cette prophétie qui augure de jours meilleurs, la délivrance, mais aussi le pardon.
Aussi bien du néant que du chaos, jaillit une lumière débordante de vie et qui, çà et là, se faufile pour s?installer et prendre possession des lieux obscurcis par l?aveuglement des hommes afin de mettre au jour un monde nouveau, une nouvelle existence.
Eclat cosmique raconte l?expansion et la refonte de l?univers selon un imaginaire juste et épanoui. Elle raconte ce big-bang nouveau qui se produit sous nos yeux.
Chorégraphie des signes est la mise en scène d?une nouvelle humanité.


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